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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1785, tome 6.djvu/383

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plusieurs années ; dans les provinces du nord on peut commencer à les semer depuis le milieu du mois d’août, jusqu’à la fin du mois d’octobre, en répétant les semis de quinzaine en quinzaine. Dans celles du midi, on seme en septembre, jusqu’au commencement & même au milieu de novembre, mais la règle la plus sûre pour chaque climat du royaume, est d’observer l’époque à laquelle elle sort de terre dans les champs ; celle-ci est un peu dure ; la bonne culture, le sol & les soins rendent celle des jardins très-tendre. On ne doit pas craindre de semer dru, parce que l’on coupe raz de terre les pieds surnuméraires & les plus gros, & on arrache avec la racine celles qui pivotent : de cette manière on éclaircit peu-à-peu les tables. Si la semence est trop enterrée, elle ne lève pas, & paroît les années suivantes après qu’on a remué la terre. Il est important de veiller sur la plante laissée pour graine lorsqu’elle approche de sa maturité, parce que la semence s’en détache facilement ; on la cueillera donc, s’il est possible, par un temps de pluie, ou lorsqu’elle est chargée de rosée ; alors, étendue sur un drap dans un lieu sec ou exposé au soleil, on ne craindra plus d’en perdre la graine. Quelques jardiniers entassent ces plantes dans un lieu frais, la fermentation & la chaleur ne tardent pas à s’y établir, & ils croyent perfectionner la graine par ce procédé. Ce n’est pas la loi de la nature, & si elle en avoit eu besoin, elle n’auroit pas donné à la graine une si grande facilité à s’échapper de la capsule. Les mâches, qui se multiplient d’elles-mêmes dans les champs, dans les vignes, démontrent l’inutilité d’amonceler les plantes, & de les faire fermenter pour en avoir la graine.


MACRE. Trapa nutans. Linn. Cette plante porte une infinité d’autres noms, suivant les cantons ; tribule aquatique, salégot, châtaigne d’eau, truffe d’eau, corniole, &c.

Fleurs. Composées de quatre pétales, & d’autant d’étamines.

Fruit. Semblable à de petites châtaignes, hérissé de quatre pétales fermées par le calice ; il renferme dans une seule loge une espèce de noyau aussi gros qu’une amande formée en cœur.

Feuilles. Larges, presque semblables à celles du peuplier ou de l’orme, mais plus courtes, ayant en quelque sorte une forme rhomboïde, relevées de plusieurs nervures, crénelées, attachées à des queues longues & grasses.

Racine. Longue & fibreuse.

Port. Tige rampante à la surface de l’eau, & jettent çà & là quelques feuilles capillaires qui se multiplient, & forment une belle rosette.

Lieu. Elle croît dans tous les étangs, les fossés des villes, & en général où il y a des eaux croupissantes ou du limon : la rivière de la Vilenne en est couverte.

Propriétés économiques. La macre a le goût de la châtaigne ; on la vend à Rennes &c à Nantes par mesure dans les marchés ; les enfans en sont si friands, qu’ils la mangent crue comme les noisettes ; on la fait cuire à l’eau ou sous les cendres dans plusieurs de nos provinces, & on la sert sur la table avec les autres fruits. On peut, après l’avoir dépouillée de son écorce, la faire sécher, la ré-