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qui tapissent la membrane pituitaire. Elle est indiquée dans le larmoiement par abondance d’humeurs séreuses ou pituiteuses, dans le catarrhe humide, & l’enchifrenement, lorsqu’il n’existe pas de dispositions inflammatoires.

Marjolaine Sauvage. (Voyez Origan)


MARNE, Histoire Naturelle, Économie Rurale. C’est une terre calcaire, effervescente avec les acides, plus ou moins blanche, plus ou moins compacte, presque toujours pulvérulente & déposée dans le sein de la terre. Les principes constituans de la marne sont la terre calcaire, la terre argilleuse, & la terre siliceuse ou le sable : on y trouve aussi de la terre magnésienne. Quand les trois premiers principes se trouvent dans une juste proportion, alors on a la marne parfaite, cet excellent engrais, ce trésor en agriculture.

Ces trois premiers principes influent nécessairement sur ces caractères extérieurs. Sa friabilité dépend de la proportion où est le sable : plus il y en a, & plus la marne est friable. Elle attire l’humidité & l’eau, & s’en imprègne ; & lorsque le sable la rend très-poreuse, les interstices se trouvent remplis d’air atmosphérique, qui s’en dégage avec abondance, lorsque l’on verse de l’eau dessus ; ce qui la fait paroître écumer. Sa ténacité & son espèce de ductilité sont en raison de la terre argilleuse qu’elle contient : si la portion argilleuse est considérable, la ductilité augmente, la nature de la marne change & passe à celle de terre opiste, dont on peut faire des vases, en apportant beaucoup de précaution dans leur cuisson. C’est enfin à la partie calcaire que la marne doit l’effervescence qu’elle fait lorsque l’on verse dessus un acide quelconque, comme vinaigre, eau forte, &c. L’acide décompose la terre calcaire, & en chasse l’air fixe, (voyez ce mot) qui s’échappe en bulles.

D’après ce que nous venons de dire, on connoîtra facilement les caractères de la bonne marne. Elle doit se déliter à l’air, & tomber en poussière : plongée dans l’eau, elle s’y divise & s’y dissout, en laissant échapper beaucoup de bulles d’air. Elle est très-friable, & en même-tems happe à la langue assez fortement. Enfin, elle fait beaucoup d’effervescence, si l’on y verse dessus du vinaigre ou de l’acide vineux, ou eau forte. Non-seulement on trouve la marne sous forme pulvérulente, mais encore sous forme solide & en pierre. Ces pierres marneuses, exposées à l’air, s’y délitent bientôt, & y fusent comme la chaux vive.

La marne se trouve déposée dans beaucoup d’endroits entre les bancs d’argille ou de sable, sous les couches de la terre végétale, très-rarement à la superficie de la terre, mais plutôt à vingt, trente & même jusqu’à cent pieds de profondeur.

Il n’est pas difficile d’assigner quelle est l’origine de la marne, & ses principes constituans indiquent assez tout ce qui a concouru à sa formation. Elle paroît être le résultat des décompositions des pierres calcaires, quartzeuses & argilleuses, charriées par les eaux, & déposées dans des bas-fonds. Ces dépôts étant de nature singulièrement propres à la végétation, ils ont été bientôt recouverts de plantes