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emploient celui des vieilles couches de deux ans, qui n’a servi à aucun autre usage ; les autres le composent moitié de terre franche, un quart de terreau de couche, & un quart de colombine ou de crotin de mulet, de mouton, &c., réduits en poudre depuis un an. Quelques-uns ne se servent que des balayures des grandes villes, des débris des végétaux bien consommés ; & quelques autres, de la poudrette ou excrémens humains qui sont réduits en terreau par une atténuation de plusieurs années, ou par les débris des voieries réduits au même état. Ce terreau est également répandu sur toute la couche. Les praticiens ne sont pas tous d’accord sur l’épaisseur que doit avoir la couche du terreau : quelques-uns ne lui donnent que trois pouces, & d’autres en donnent six. Ces derniers ont raison, parce que les racines trouvent plus à s’étendre & à s’enfoncer. Plusieurs, enfin, fixent la profondeur à neuf pouces. Plusieurs cultivateurs préfèrent les petits pots de basilics enfoncés dans la couche jusqu’au haut, & les interstices garnis de terreau, afin de laisser moins d’issue à la chaleur ; mais il y a de la place perdue, & elle est précieuse sur une couche.

Lorsque la couche a jeté son plus grand feu, c’est-à-dire, lorsque l’on peut encore à peine y tenir la main plongée sans souffrir, on profite de ce moment pour semer, & aussitôt on place les cloches, ou on ferme les chassis. (Voyez ce mot) Pour semer, on fait avec le doigt des trous dans le terreau, & dans chaque trou on place deux graines que l’on recouvre de terre fort légèrement. Chaque trou est séparé de son voisin de deux à trois pouces.

La chaleur de cette couche suffit ordinairement pour faire germer & lever cette graine ; mais dès qu’on s’aperçoit que cette chaleur diminue, on la renouvelle en détruisant le réchaud, & en le suppléant par un nouveau. On doit, autant qu’il sera possible dans cette saison, donner de l’air aux jeunes plantes, dont le grand défaut est de fondre, lorsqu’elles sont trop long-temps privées de la lumière du jour ; mais si la saison est froide, si les gelées deviennent fortes, on couvrira les cloches, en raison de l’intensité du froid, avec des paillassons, ou avec de la paille longue.

Si, malgré les réchauds, les paillassons, &c. la chaleur de la couche diminue trop sensiblement, on se hâtera d’en préparer une seconde comme la première, sur laquelle on transportera promptement les pots de la première ; ce qui prouve l’avantage de semer dans des pots plutôt qu’en pleine couche ; car la transplantation dans ce dernier cas, est beaucoup plus longue à faire, & moins sûre pour la reprise de ces mêmes plants. Les cloches ou les chassis ne doivent rester entièrement fermés que pendant les grands froids, les pluies, la neige ou les brouillards, & il est important de les ouvrir un peu au premier instant doux, au premier rayon du soleil. Il faut essuyer les cloches & les chassis, afin de dissiper leur humidité intérieure.

III. Des couches de transplantation. La seconde, dont on vient de parler, est une couche de précaution, à raison des grands froids ; & encore il vaudroit beaucoup mieux s’en servir pour de nouveaux semis, dans