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détacher, & que le melon jaunit au-dessous, & qu’il a peu d’odeur, on peut le couper & le garder deux ou trois jours avant de le manger[1]. Il faut au moins deux mois à un très-beau melon de quinze à vingt livres, du jour qu’il est assuré, pour qu’il parvienne à une parfaite maturité.

Entre la méthode de Honfleur, & celle que l’on suit à Paris, ou dans les provinces du nord, il y a beaucoup de petites modifications, trop longues à détailler ici, & que le lecteur sentira en comparant les deux méthodes.


Méthode des environs de Paris.


I. De la position de la melonnière. Elle doit avoir le soleil du levant & du midi, & même, s’il est possible, celui du midi jusqu’à trois heures. Celle qui est environnée de murs est la meilleure ; c’est-à-dire, que plus le mur du midi sera élevé, & plus il réverbérera de chaleur, & plus il mettra la melonnière à l’abri des vents du nord. Les murs latéraux, depuis leur réunion à celui du midi, doivent venir en diminuant de hauteur jusqu’à leur autre extrémité. S’ils étoient aussi élevés que celui du midi, la melonnière ne recevroit que le soleil de cette heure, ou tout au plus depuis onze jusqu’à une heure, suivant leur distance & leur hauteur, tandis que l’on doit, au contraire, lui procurer les rayons du soleil le plus longtemps qu’il est possible : la pente du sol sera dirigée sur le devant de la melonnière, afin que les eaux s’écoulent facilement. Plus la terre sera durcie, & meilleur sera le sol ; mais si l’on craint les taupes-grillons, il vaut mieux le faire carreler, ainsi qu’il a été dit. Dans les environs, ou près de la melonnière, il convient d’établir un dépôt destiné aux cloches, aux pailles de litière, à la terre franche, préparée avec le terreau ; enfin, à tout ce qui est nécessaire à la culture & à l’entretien des melons. Un point essentiel est d’établir un réservoir pour y puiser l’eau destinée à arroser, & qui sera par conséquent à la température de l’atmosphère. (Voyez le mot Arrosement, il est essentiel à lire.)

II. De la couche destinée au semis. On commence à la préparer, dans les premiers jours de janvier, avec du fumier à grandes pailles & de la litière. Une couche de neuf à douze pieds de longueur, sur trente à trente-six pouces de largeur, & sur une hauteur de trois pieds, après que le fumier aura été bien foulé couche par couche. Sur la longueur de neuf pieds on peut placer vingt cloches, & ainsi en proportion sur celle de douze.

Quelques maraîchers attendent que cette couche ait jeté son feu, pour établir tout autour un réchaud d’un pied d’épaisseur. (Voyez les mors Couche & Réchaud) D’autres, plus instruits, le font en même temps que la couche, & ce réchaud, après qu’il a été battu, la déborde en hauteur de six pouces. La couche ainsi préparée, il ne reste plus qu’à la garnir ;

Chacun prépare à sa manière le terreau qui doit la couvrir : les uns

  1. Note de l’Éditeur. Il vaut beaucoup mieux couper sur pied le melon que l’on estime mûr, & le manger quelques heures après, lorsqu’il est rafraîchi.