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MORSURE. Médecine Rurale. Solution de continuité faite à la peau par les dents de quelque animal irrité. Pour l’ordinaire, les morsures faites par des animaux qui ne sont ni venimeux ni enragés, ne sont suivies d’aucun accident grave. Les malades ressentent néanmoins dans la partie mordue, de la douleur, de l’irritation, toujours suivies d’une légère inflammation contre laquelle on n’emploie ni saignée, ni aucun autre moyen antiphlogistique : ces sortes de blessures se traitent le plus simplement possible ; on se contente de les laver avec de l’eau de guimauve plusieurs fois dans le jour, & de les couvrir d’un emplâtre suppuratif, tels que l’onguent de la mère, ou une combinaison de cire jaune, avec l’huile d’olive ; souvent des compresses d’eau froide & humectées très souvent, suffisent. Les morsures de ce genre doivent être traitées comme des plaies simples qui se guérissent d’elles-mêmes par la simple privation du contact immédiat de l’air.

Il n’en est pas de même de la morsure des animaux venimeux, tels que le serpent à sonettes, la vipère, & plusieurs autres : ceux qui ont le malheur d’en être mordus, courent les plus grands risques de perdre la vie si l’on n’emploie promptement les remèdes propres à en arrêter les effets & les progrès.

Morsure du serpent à sonnettes.

Le serpent à sonnettes n’a pas plutôt fait sa morsure, qu’aussi-tôt la partie affectée devient froide, douloureuse, tendus & engourdie. Une sueur froide s’empare de tout le corps, & notamment des alentours de la plaie. Si la morsure a été faite aux parties inférieures, les glandes des aînes ne tardent pas à être tuméfiées, ainsi que les glandes des aisselles, si le mal a son siège dans les parties supérieures ; la chaleur qui survient à la plaie est toujours relative à la morsure & à sa grandeur ; les bords en sont meurtris, les malades y ressentent une démangeaison des plus vives, leur visage devient contrefait, il s’amasse des matières gluantes autour des yeux, les larmes sont visqueuses, les articulations perdent le mouvement, & cet accident est toujours suivi de la chute du fondement & des envies continuelles d’aller à la selle. Les malades écument de la bouche ; le vomissement, le hoquet & les convulsions ne tardent point à paroître.

On remédie à tous ces accidents, en prenant intérieurement de la racine d’althea & de panais : cette dernière est un remède excellent, soit qu’on la mange verte ou qu’on la prenne en poudre.

On appliquera sur la plaie une feuille de tabac trempée dans du rum, & tout de suite on donnera au malade une forte cuillerée du remède spécifique contre la morsure de ce serpent, publié en Angleterre, par le docteur Brooks, dont l’invention est d’un nègre, pour la découverte duquel il a été affranchi, & l’assemblée générale de la Caroline lui a fait une pension de cent livres sterling par année, sa vie durant : nous allons en donner la formule, telle que Buchan l’a insérée dans le troisième volume de sa médecine domestique.

Prenez de feuilles & racine de plantain & de marrube, cueillies en été, quantité suffisante ; broyez le tout dans un mortier, exprimez-en