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vez-vous donc de vinaigre dans le besoin, & abandonnez toutes ces recettes ou inutiles ou dégoûtantes.

3°. Des mouches relativement aux plantes. Il n’existe aucun arbre, aucun arbrisseau, aucune herbe qui ne soit destiné, ou à la nourriture d’une ou de plusieurs espèces d’insectes, ou de dépôt pour leurs œufs. Les mouches en général s’attachent peu aux fleurs, aux fruits, comme nourriture ; mais certaines espèces y logent leurs œufs.

Plusieurs espèces de mouches se jettent sur les arbres attaqués par les galles-insectes, (Voyez ce mot) par les pucerons, & sur les arbres à feuilles cloquées. (Voyez Cloque) La sève s’extravase par les piquures multipliées que font ces insectes sur les bourgeons, sur la nervure des feuilles, & cette sève miellée attire les mouches qui la sucent & s’en nourrissent. C’est donc accidentellement qu’elles font du mal, ou plutôt elles profitent du mal qui est déjà fait, & il est en tout semblable à celui occasionné par les fourmis. (Voyez ce mot) Leurs excrémens multipliés & mélangés par leur piétinement, avec le mucilage de la sève, prend une couleur noire qui gagne petit-à-petit tous les endroits où les mouches & les fourmis se jettent ; enfin, le tout forme une croûte noire. Le moyen le plus simple pour la faire disparoître, & le plus salutaire pour l’arbre, est de laver le tout par le moyen des seringues à la hollandoise… L’eau détrempe le mucilage, l’entraîne, & laisse la branche & les feuilles nettes.

Est-ce une mouche, ou une autre insecte, qui pique les fruits quand ils sont encore très-petits, ou quand ils commencent à nouer, afin d’y déposer ses œufs ? Ce qu’il y a de certain, c’est que l’on voit un nombre assez considérable de mouches brunes voltiger çà & là sur ces fleurs & sur ces fruits. En admettant que ce soient elles, la question sera déterminée pour une espèce seulement ; mais elle n’en reste pas moins embrouillée à bien des égards, à moins qu’on n’admette plusieurs autres espèces de mouches. Par exemple, celle qui dépose ses œufs sur le bon-chrétien d’été, n’est pas la même que celle qui pique le martin-sec ; puisque leur floraison ne se fait pas à la même époque, & la forme du ver que l’on apperçoit en coupant ces fruits, est bien différente d’ailleurs, l’une est une des premières poires du printemps, & l’autre de l’hiver. Cependant ces vers ont besoin de leur maturité, pour trouver une nourriture convenable à leurs besoins ou à la formation de leur chrysalide ; car lorsque la poire blanquette est bien mûre, on voit la cicatrice de l’ancienne piquure enlevée, & la place de la sortie de l’insecte ailé, entièrement dépouillée de la chair du fruit… Certainement la mouche qui pique la pomme calville, par exemple, n’est pas la même que celle du poirier ou du pommier d’été : leurs vers prouvent cette différence. Il faut donc nécessairement conclure que si on doit attribuer aux mouches, les vers que l’on trouve dans les fruits, les espèces sont différentes, & convenir de bonne-foi que l’on est encore très-peu instruit sur cet objet… La connoissance de ces espèces malfaisantes, seroit digne de l’attention d’un amateur, & qui auroit