Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1785, tome 6.djvu/733

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me masticatoires, elles déterminent une plus grande sécrétion de salive, tendent à diminuer la paralysie de la langue, à relever le voile du palais de la luette, relâchés sans inflammation.

Les semences, réduites en poudre, & appliquées sous forme de cataplasmes sur les tégumens, causent en très-peu de temps une douleur aiguë, une grande chaleur, l’inflammation, & forment des vessies ; mises sur le point douloureux de la poitrine dans les premiers jours d’une pleurésie ou d’une péripneumonie essentielle, elles calment la douleur, & favorisent la résolution avec plus de succès que les mouches cantharides ; appliquées sur les parties affectées de rhumatisme séreux ou de paralysie par des humeurs séreuses, elles produisent souvent de bons effets ; sur les jambes, dans les maladies soporeuses & dans les maladies de foiblesse, où il faut obtenir une prompte dérivation & produire une violente action sur le genre nerveux, elles sont d’un grand secours ; on doit même les préférer dans ce cas à l’application des mouches cantharides, parce que l’action de ces dernières seroient trop lentes, & que la douleur n’en seroit ni assez vive, ni assez prompte, & que leurs molécules passées dans les secondes voies, pourroient affecter le cerveau.

Usages. On donne pour l’homme les semences pulvérisées, depuis six grains jusqu’à une drachme, délayées dans quatre onces de véhicule aqueux, ou incorporées avec un sirop… semences concassées, depuis une drachme jusqu’à une once, en macération au bain-marie dans cinq onces d’eau… semences pulvérisées & mêlées avec suffisante quantité de vin ou de vinaigre, pour un cataplasme, à laisser plus ou moins sur les tégumens, suivant le degré de sensibilité du malade.

On a remarqué dans les hôpitaux ou dans les grandes maisons où l’on nourrit un nombre considérable d’hommes & d’enfans, que l’usage de la moutarde, mêlée avec les alimens, diminuoit beaucoup le vice scorbutique qui attaque souvent ces individus rassemblés. On retire, par expression, de la moutarde une huile qui sert à tous les usages économiques ; mais pour l’en extraire, il faut avoir recours aux moulin & pressoir, hollandois ; (Voyez le mot Moulin) les nôtres n’expriment pas les sucs assez fortement. Si on désire lui faire perdre l’odeur & le goût du fruit qui rend cette huile désagréable à ceux qui n’y sont pas accoutumés, consultez l’article Huile.)

Moutarde blanche ou à feuilles de persil. Sinapi alba. Lin. même classe que la précédente.

Fleur. La même.

Fruit. Silique velue, dont l’extrêmité est alongée & courbée comme un bec ; semences quelquefois blanches.

Feuillés. Découpées, garnies de poils, adhérentes aux tiges.

Racine. Comme dans la précédente.

Port. Tige de la hauteur de deux à trois pieds, velue, rameuse, cylindrique ; les fleurs au sommet, portées sur des pédoncules de même que la précédente ; feuilles alternes.

Lieu. Dans les blés, les prés ; la plante est vivace.

Propriétés. Les mêmes que la précédente, mais dans un moindre degré.