Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1785, tome 6.djvu/750

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fois en vingt-quatre heures, aux agneaux que l’on engraisse. On met auprès d’eux une pierre de craie pour qu’ils la lèchent. La craie les préserve du dévoiement (Voyez ce mot) auquel ils sont sujets, & qui les empêcheroit d’engraisser. Lorsque les agneaux mâles que l’on engraisse, ont quinze jours, il faut les couper, comme il sera expliqué au §. XIII. Les agneaux mâles coupés ont la chair aussi bonne que celle des agneaux femelles ; mais ils ne deviennent pas si gros que ceux qui n’ont pas été coupés. La plûpart des gens qui engraissent des agneaux pour les vendre, aiment mieux ne les pas couper, pourvu qu’ils soient plus gros, quoique leur chair n’ait pas alors si bon goût, ils les vendent mieux.

§. XI. À quel âge les agneaux peuvent-ils prendre d’autres nourritures que le lait ? Quelles précautions y a-t-il à prendre jusqu’à ce qu’ils soient sevrés. Quand & comment faut-il les sevrer ?

Il y a des agneaux qui commencent à manger dans l’auge & au râtelier, & à brouter l’herbe à l’âge de dix-huit jours. Alors on peut leur donner les choses suivantes dans les auges.

1o. De la farine d’avoine seule, ou mêlée avec du son : on dit que le son leur donneroit trop de ventre s’il n’étoit pas mêlé avec d’autres nourritures. 2o. Des pois, les bleus sont plus tendres & plus nourrissans que les blancs & les gris. Si l’on fait crever les pois dans l’eau bouillante, & si on les mêle avec du lait, ils sont encore plus tendres & plus appétissans. On peut aussi les mêler avec de la farine d’avoine ou d’orge ; mais la farine d’orge dégoûte les agneaux, parce qu’elle reste entre leurs dents. 3o. De l’avoine ou de l’orge en grain : l’avoine est la nourriture que les agneaux aiment le mieux ; c’est aussi la plus saine, & celle qui les engraisse le plus promptement. 4o. Du foin le plus fin, de la paille battue deux fois, pour la rendre plus douce ; du treffle sec, des gerbées d’avoine, &c, & principalement du sain-foin. 5o. Les herbes des prés bas, & toutes celles qui sont bonnes pour l’engrais des moutons, comme on le verra dans le §. II du chapitre quatrième.

Les précautions que demandent les agneaux jusqu’à ce qu’ils soient sevrés, consistent à ne pas tenir trop chaudement ceux que l’on est obligé de mettre à couvert à cause des grands froids ; on doit leur donner de l’air & les faire sortir le plus souvent qu’il est possible, pour les fortifier. Lorsqu’un agneau a huit jours il peut déjà suivre sa mère près de la bergerie.

On sèvre les agneaux lorsque le lait de la mère commence à tarir : alors l’agneau a environ deux mois. C’est vers le premier de mai, pour les agneaux qui viennent à la fin de février ou au commencement de mars. Lorsque les agneaux naissent plutôt, on est obligé de les laisser tetter plus de deux mois, afin qu’ils puissent avoir de bonne herbe lorsqu’on les sèvre. Par exemple, un agneau qui vient en décembre, ne pourroit avoir de bonne herbe