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en février : dans les pays où l’hiver est rude, il faut attendre le mois de mars ou d’avril pour le sevrer. Il y a des gens qui ne sèvrent les agneaux qu’au temps de la tonte ; quelques-uns ne reconnoissent plus leurs mères après qu’elles ont été dépouillées de leur toison ; il arrive plus souvent que la mère ne reconnoît son agneau que difficilement après qu’il a été tondu. Si l’agneau reste toujours avec sa mère, elle le sèvre d’elle-même, lorsque le lait lui manque, ou lorsqu’elle entre en chaleur : alors elle repousse son agneau, & lui fait perdre l’habitude de tetter : quelquefois aussi les agneaux s’en dégoûtent lorsqu’ils ont de bons pâturages.

Pour sevrer les agneaux, on les sépare des mères, & s’il est possible, on les éloigne assez pour qu’ils ne puissent pas entendre la voix des mères, ni leur faire entendre la leur. Pour qu’ils s’oublient de part & d’autre plus promptement, on met les agneaux jusqu’au nombre de quarante, avec une vieille brebis, pour les conduire & les empêcher de s’écarter. On les fait paître dans des prairies de treffle, de mélilot ou de raygras, &c. ; on peut aussi les mettre dans des prairies ordinaires qui ne soient pas humides. On a trouvé un moyen de sevrer les agneaux sans les séparer de leurs mères. On leur met une sorte de cavesson ou muselière assez lâche pour leur laisser la liberté de manger, & garni sur le nez de pointes ou d’épines qui piquent les mammelles de la mère, & l’obligent à repousser l’agneau lorsqu’il veut tetter ; mais il faut que ces piquans soient assez doux pour ne pas blesser les mammelles.

§. XII. Doit-on couper la queue des agneaux ? Manière de la couper.

Il s’attache beaucoup d’ordures à la queue des bêtes à laine, principalement lorsqu’elles ont le dévoiement. (Voyez ce mot) Celles dont la queue a été coupée, sont les plus propres. Les moutons qui n’ont point de queue paroissent avoir la croupe plus large. On dit que l’on ne raccourcit la queue des agneaux, que pour empêcher qu’elle ne se charge de boue par l’extrémité, & que cette boue une fois durcie, ne blesse les pieds de la bête, ou ne l’excite à courir. Lorsqu’elle a commencé à doubler le pas, la pelotte de terre dure, attachée au bout de la queue, frappe de plus en plus sur le bas des jambes ; ces coups redoublés animent la bête au point qu’il est difficile de l’arrêter. Il est donc à propos de couper la queue des agneaux dans les pays où la terre est de nature à s’attacher & à se durcir à l’extrémité de leurs queues.

On fait cette opération par un temps doux, lorsque l’agneau a un mois, six semaines, ou deux mois, ou dans l’automne qui suit sa naissance. On coupe la queue à l’endroit d’une jointure entre deux os, & l’on met des cendres sur la plaie. Si les cendres ne suffisoient pas seules, on les mêleroit avec du suif.

Il est bon même de couper la laine de la queue, ainsi que des fesses, lorsqu’elle est chargée d’ordures qui pourroient causer des démangeaisons & la gale. (Voyez ces mots.)