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vert plus clair & jaunâtre ; elle n’a presque point d’odeur ; son fruit est de la grosseur & de la forme d’une petite châtaigne, il est couvert d’un brou lisse, brun, mince & sec ; la coquille de la noix est blanche, mince & assez tendre. L’amande est très-blanche, d’un goût approchant de celui de la faine, fruit du hêtre ou fayard (voyez ce mot) ; mais un peu trop âpre pour être bonne à manger. Cet arbre est très-robuste, il craint plus le chaud que le froid ; il ne lui faut qu’un terrain médiocre, pourvu qu’il ait de la profondeur. Il se plaît sur les lieux élevés, & sur-tout sur les coteaux exposés au levant & au nord : il se soutient néanmoins, en pays plat, dans une terre franche, mais son accroissement est considérablement retardé. Il réussit très-difficilement à la transplantation, à moins qu’on n’ait eu la précaution de lui couper de bonne heure le pivot. Le bois de cet arbre est blanc, compacte, assez dur, fort liant. » Le caractère spécifique de cet arbre est d’avoir sur un même pétiole, sept feuilles en forme de lance, dentées en manière de scie.

Ce noyer fournit une variété dont la grosseur du fruit approche de celle d’une noix muscade, & lui ressemble. C’est la principale variété, & il seroit superflu de citer les autres.

Le noyer noir, juglans nigra ; feuilles ordinairement au nombre de quinze sur un même pétiole, moins unies, plus étroites & plus pointues que celles du noyer d’Europe. Fruit à coque si dure, qu’elle exige le marteau pour la casser ; le zeste de l’amande est aussi ligneux que sa coquille. Elle a communément deux pouces de longueur, & elle est très-bonne en cerneau. Le brou frais a une odeur forte de térébenthine. Ce noyer ne craint aucunement le froid ; il aime une terre franche & grasse, le fond des vallées, les lieux un peu humides. On appelle ce noyer noir à cause de la couleur de son bois, & de celle que prend le brou en se séchant.

Le noyer de Virginie à fruit rond, est une variété de celui-ci.

Von-Linné compte encore deux espèces de noyers, le cendré, juglans cinerea, à onze folioles sur un même pétiole, en forme de fer de lance, & un des côtés de leur base plus court que l’autre, & comme coupé.

Le noyer à baies, juglans baccata. Les folioles au nombre de trois sur le même pétiole ; oblongues, obtuses ; les fruits sont des baies de la grosseur d’une noix muscade, placés vers les aisselles des feuilles.

Si on excepte la première espèce & ses belles & bonnes variétés, l’on peut dire que les autres sont assez inutiles aux cultivateurs, mais elles satisferont les vœux de l’amateur.

CHAPITRE II.

Des semis & de leur conduite jusqu’au moment de la transplantation[1].

On doit distinguer deux sortes de

  1. Note de l’Éditeur. M. Duvaure, cultivateur, dont le zèle égale l’intelligence, a eu la complaisance de me communiquer ses observations sur la culture du noyer, & elles m’ont été très-utiles. Je le prie d’agréer ici l’hommage public de ma reconnoissance.