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découvrir par un de ses côtés le pied de l’arbre, de le déchausser ainsi jusqu’à quinze ou dix-huit pouces, en ménageant soigneusement tous les chevelus qu’il trouvera jusqu’à cette profondeur, alors couper le pivot, remettre les racines dérangées à leur place & combler la fosse. L’arbre ne se sentira presque pas de cette opération. Ou bien le cultivateur, pour éviter ce nouveau travail, supprimera le bout du pivot, lorsque la noix a germé dans le sable. Alors il sera sûr d’avoir un très-grand nombre de belles racines latérales & bien chevelues, & l’arbre souffrira peu de la transplantation, quelle que soit sa grosseur.

Plusieurs auteurs conseillent de couper le sommet de l’arbre dans la pépinière, lorsqu’il aura sept ou huit pieds de hauteur. Cette opération est absolument inutile, lorsqu’on n’a pas eu la manie d’élaguer sans cesse dans la pépinière, & lorsque sa tige n’est ni grêle ni effilée. Laissez agir la nature, elle en sait plus que vous. On sera toujours assez à temps de charger l’arbre de plaies, lorsqu’il s’agira de le transplanter. Je dirois à ces élagueurs & replanteurs perpétuels ; jetez un coup d’œil sur le noyer venu de semence sans transplantation & presque livré à lui-même, comparez-le avec celui que vous avez pris plaisir de maniérer ; alors jugez sans partialité. — On ne doit couper le sommet de l’arbre que lorsqu’on le plante à demeure, si on a été assuré de la beauté & de la qualité de la noix que l’on a semée.

VII. Doit-on greffer les noyers ; est-il possible de les greffer ? quand & comment doit-on les greffer ?

L’on ne cesse de répéter que la température de l’air est changée, que les saisons ne sont plus les mêmes. Ce n’est pas le cas d’examiner ici ces assertions. Il suffit de dire que les saisons ont une révolution qui dure dix-huit ans ; mais en général, la température a changé visiblement dans un très-grand nombre de cantons du royaume & de l’Europe entière, parce que les grands abris ne sont plus les mêmes, parce qu’ils se sont abaissés, &c. (voyez les mots Abri, Climat, Défrichement) Il n’est donc pas surprenant que les gelées tardives emportent dans une matinée la récolte entière des noix. Il n’est pas au pouvoir de l’homme de s’opposer à l’effet de ces fâcheux météores ; mais le cultivateur intelligent sait profiter des avantages qu’un heureux hasard lui a procurés, en ne plantant que des noyers tardifs, ou des noyers de saint Jean, dont la récolte est presque sûre à cause du retard de sa fleuraison. Chacun doit étudier la manière d’être du climat qu’il habite, & si les récoltes y sont trop casuelles, la prudence veut qu’il ne sème que des noyers tardifs, & qu’il greffe avec cette espèce les noyers précoces. Mais est-il possible de greffer le noyer ?

M. D’aubenton dans l’article noyer du Dictionnaire encyclopédique, première édition, s’explique ainsi : « quelques-uns prétendent qu’on peut greffer les noyers les uns sur les autres : ils conviennent en même temps qu’on ne peut se servir pour cela que de la greffe en sifflet, & il paroît sur le propre allégué que le succès en est assez incertain. » M. le baron de Tschoudi, dans le même article du Supplément de cet ouvrage, dit en parlant du noyer tardif, « la greffe seroit un moyen