Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/156

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ou de ses beautés intérieures, d’entrer dans le détail des parties qui forment le globe. On ne doit attendre & espérer aucun secours certain de l’expérience informe & dénuée de toute théorie adoptée dans les campagnes.

Dans la recherche des tuniques du globe, il faut considérer, 1°. la sclérotique ou la cornée ; elle s’offre la première, elle se montre comme un corps sphérique imparfait, extrêmement compact, dur, opaque, diminuant insensiblement d’épaisseur, mince, diaphane dans sa portion antérieure, où par cette même raison cette tunique est nommée cornée lucide ; c’est ce que les maréchaux & les maquignons appellent encore aujourd’hui la vitre : cette membrane percée vers le milieu de la portion postérieure de sa convexité où elle reçoit le nerf optique, peut être divisée en plusieurs couches ou lames qui, quoiqu’infiniment unies, sont néanmoins très-distinctes à l’endroit de sa diaphanéité, lieu où sa convexité saillit au-delà de la cornée opaque, en sorte que la cornée lucide paroît véritablement comme le segment d’une petite sphère, ajouté au segment d’une sphère plus grande. Cette tunique, quelle que soit sa consistance, est obliquement traversée par de petits vaisseaux sanguins, & par des filamens nerveux, & est, dans sa portion transparente, criblée d’un grand nombre de pores par où suinte continuellement une liqueur très-fine & très-subtile, qui s’évapore à mesure qu’elle en sort. On y a vu aussi des vaisseaux séreux qui, par leur oblitération, donnent quelquefois lieu à de petits filets ou à des raies blanchâtres, barrent & coupent cette portion dans certains chevaux.

2°. La choroïde ou la seconde tunique du globe, infiniment plus déliée que la sclérotique, dont elle tapisse la surface concave, a deux lames, l’externe sensiblement plus forte que l’interne, enduite d’une matière noirâtre, dont la source est peut-être la même que celle de la liqueur noire ou brune, qui se trouve dans l’intérieur de la plupart des glandes. Cette couleur noire peut d’ailleurs modifier, éteindre & absorber les rayons lumineux, à peu près comme le fluide cérumineux qui enduit l’oreille, peut de même modifier, éteindre & absorber les rayons sonores, & arrêter la vivacité de leurs impressions ; la nature ayant dû placer dans les organes des sens des agens qui les défendent, & qui en assurent l’énergie & l’intégrité. Quoi qu’il en soit, la lame externe qui est du côté de l’humeur vitrée, à la capsule de laquelle elle est visiblement unie dans le cheval, est d’une couleur azurée, mêlée dans de certains endroits d’un rouge vif ; cette même tunique ainsi composée de deux lames, se porte jusqu’à l’endroit où commence la cornée lucide, & où se termine la cornée opaque, à laquelle sa lame externe adhère dans tout ce trajet par un tissu cellulaire, & quelques vaisseaux tant sanguins que nerveux : là elle s’attache exactement à toute la circonférence de la première membrane, & cette attache, ce ceintre blanchâtre & bien différent par la couleur dont il est formé, est ce que quelques anatomistes ont appelé ligament, & que les zoologistes ont nommé orbicule ciliaire. Ce ligament est de la lar-