Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/161

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la cornée lucide, que de la rétine, & dans un lieu où son centre passe par l’axe de la vision, & le forme. Ce corps étant transparent, & n’ayant aucune couleur par lui-même, ne peut pas être distinctement apperçu : on n’entrevoit aussi, dans un œil sain, au-delà de la prunelle, qu’une couleur noire, qui n’est autre chose que la réflexion naturelle de l’uvée au travers des humeurs du globe. Dans de vieux chevaux, il devient terne, comme dans l’âge de la caducité des hommes ; dans d’autres, on le trouve quelquefois opaque, & cette opacité règne dans tout le contour ovale de la prunelle, alors ce corps lenticulaire est plus terne, il présente une couleur blanche, verdâtre & comme transparente ; & l’œil est dit, cul de verre. Cette opacité gagnant peu à peu toute l’étendue du cristallin, il en résulte ce que nous appelons, dragon ou cataracte (Voyez ce mot) Assez communément cette maladie commence aussi par quelques points blancs, très-petits, & en quelque sorte imperceptibles, principalement aux yeux de ceux qui n’ont aucune idée de la conformation de cet organe ; mais, dans tous les cas, le dragon une fois formé & parvenu à sa maturité, abolit totalement le sens, en s’opposant au passage des rayons de la lumière. Le cristallin n’est point, en effet, l’organe essentiel & principal de la vision ; sa présence est nécessaire seulement à la perfection de la vue ; car la faculté de voir n’est point anéantie par son absence ; aussi, dès que ce corps opaque a été détrôné, abattu, ou pour mieux dire, extirpé, ce qui est une opération bien plus sûre, l’animal discerne, à la vérité, plus confusément les objets, mais il recouvre la puissance qu’il avoit perdue,

8°. Les mouvemens de l’iris. Il y a entre l’uvée & l’iris, deux plans de fibres charnues ; les fibres de l’un d’eux environnent la prunelle, & resserrent par leur contraction cette ouverture, tandis que sa dilatation est opérée par les fibres du second plan : le premier de ces mouvemens a lieu dans l’œil exposé au grand jour ; le second, dans l’œil exposé à une lumière plus foible, ou réduit à l’obscurité ; or, il est des chevaux dont les yeux paroissent parfaitement beaux & sains, & qui sont néanmoins privés de la faculté de voir ; & il n’est d’autres moyens de juger en eux de l’abolition de la vue, que celui de s’attacher à l’examen de ces mêmes mouvemens. Pour cet effet, abaissez la paupière supérieure, tenez-la dans cet état pendant un instant ; laissez ensuite ouvrir l’œil ; remarquez si la prunelle se resserre, & à quel point est portée cette action ; dès qu’elle est totalement dénuée de mouvement, le sens est irrévocablement aboli.

On peut encore procéder à cet examen d’une manière plus sûre. Le cheval placé à la porte d’une écurie, lorsqu’il est prêt à sortir, ou dessous une remise, afin qu’il n’y ait point de jour derrière lui, faites-le reculer insensiblement dans un lieu plus obscur, la prunelle doit se dilater alors visiblement, ramenez-le en avant, & pas à pas ; à mesure qu’il revient au grand jour, la prunelle doit se resserrer. Cette méthode est d’autant plus certaine, qu’en s’y conformant exactement, tous les mouvemens de la pupille sont extrêmement sensibles, & qu’on peut observer, en même