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légère que celle des terrines, surtout dans les provinces du midi. Elle doit être un mélange exact de moitié de bonne terre franche & douce, & de moitié de terreau bien consommé. Si le mélange a été fait une année d’avance, il en vaudra beaucoup mieux. Quelques auteurs conseillent de planter à trois pouces de distance, & de transplanter à demeure dans le courant du mois d’août ; je ne vois pas la nécessité de cette seconde transplantation : on a beau faire, les plantes souffrent toujours un peu de leur déplacement. Plantez au moins à six pouces de distance & encore mieux à huit, mais plantez à demeure. Le choix du jour n’est pas indifférent ; si le temps est pluvieux & couvert, la reprise sera plus assurée ; si le ciel est clair & serein, la chaleur forte, il faut couvrir chaque plante par un pot renversé, ou par de larges feuilles que l’on enlèvera dès que le soleil sera couché, & ainsi pendant plusieurs jours de suite, jusqu’à ce que la reprise de la plante soit parfaite. Le point essentiel est que les jeunes plantes aient le temps de se fortifier & de se charger de racines avant l’hiver. Arroser, sarcler, piocher le sol de temps à autre, tels sont les seuls soins qu’elles exigent jusqu’à l’année suivante.

Lorsque le dard ou tige commence à s’élancer, on le soutient par des baguettes, avec des rognures de chapeau ou de drap ; on l’assujettit à la baguette, on supprime les boutons surnuméraires, comme il sera dit ci-après, & on n’en laisse que deux au plus à chaque tige. La fleuraison indique les bonnes ou médiocres ou mauvaises espèces qu’on aura obtenues par le semis. Il est inutile de conserver les deux dernières dont la plante entière doit être arrachée sur le champ : aussitôt que la fleur est passée, on marcotte les bonnes espèces afin de les multiplier, on les lève, on les place dans des pots dès qu’elles sont suffisamment enracinées.

J’appelle bonne espèce, les grenadins bien formés, à trois couleurs ou à deux, dont les panaches tranchent, & sont bien prononcés. Les houppes, lorsque le calice que quelques fleuristes appellent cosse, ne se fend point ; les grands œillets à pétales, amples, d’une belle forme, d’une ou de plusieurs couleurs belles & tranchantes… ceux dont la tige est forte & proportionnée à la pesanteur de la fleur. On ne rejette cependant pas ceux dont la tige est grêle, & la fleur belle. Ils demandent un peu plus de soin pour être assujettis contre la baguette… Les pétales ou feuilles de la fleur, amples, bien placés, point chiffonnés & faciles à ranger… On cultive peu l’œillet dont le centre est aplati ou peu garni de pétales… Les œillets du troisième ordre ou prolifères, crèvent toujours un des côtés du calice : c’est un mal nécessaire auquel on remédie, comme il sera dit ci-après.


CHAPITRE V.

Des soins que demandent les œillets placés dans des pots.


Des pots de dix pouces de diamètre & de hauteur, sont suffisans : dans de plus grands pots, la plante s’amuse, elle a beaucoup de racines, & la fleur est moins belle. La terre qui sert à les remplir, doit être de même qualité que celle des plates-bandes.