Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/210

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vince à l’autre ? Dès-lors il faut se contenter d’écrire des généralités, & les généralités sont peu instructives. J’ai vainement tenté de faire cette collection ; à prix d’argent il ne m’a pas été possible de me procurer des sujets, & personne n’a voulu m’aider.

Un second avantage résulteroit de cette opération ; elle apprendroit à connoître l’espèce qui réussiroit le mieux dans le canton, soit par rapport à la quantité de fruit dont l’arbre se charge habituellement, soit pour la qualité de l’huile de chaque espèce, soit enfin pour l’espèce d’olivier qui résiste le plus aux rigueurs des hivers. Si on avoit eu cette précaution & ces connoissances préliminaires, plusieurs cantons du Languedoc & de la Provence, ne seroient pas aujourd’hui dépeuplés d’oliviers. Cet arbre précieux devient actuellement si rare, les sujets sont si peu multipliés, qu’un froid semblable à celui du grand hiver est peut-être à désirer ; ce n’est point un paradoxe. Le tronc périroit, mais au moins on éléveroit de chaque souche quatre à six bons sujets qui repeupleroient les campagnes. Les troupeaux ont déjà détruit tous les bois ; dans peu ils auront consommé la dévastation de tous les rejets d’oliviers. N’est-il pas bien singulier que dans toutes les provinces du royaume on ait établi des pépinières d’ormeaux, de mûriers, de peupliers, d’arbres fruitiers, tandis que dans celles qui ont, par leur position, le privilège exclusif d’élever l’olivier, l’administration n’ait pas encore songé ou voulu en établir de semblables pour un arbre dont le produit constitue un revenu qu’aucun autre canton du royaume ne peut lui enlever ? Il faut convenir cependant que l’on connoît dans chaque district l’espèce d’olivier qui rend le plus, parmi les espèces que l’on y cultive ; mais on n’y connoît que les arbres de son canton ; mais personne n’a fait l’essai d’y transporter les espèces des autres cantons. Il faut donc conclure que les lumières que l’on a sur l’olivier, sont purement locales de village à village, & qu’il n’y a point d’ensemble pour la généralité d’une province ; preuve sans réplique de la nécessité d’établir une nomenclature, afin que les cultivateurs puissent s’entendre ; savoir, par l’expérience, quelle espèce de position, quel grain de terre convient le mieux à telle ou telle espèce d’olivier, soit pour la quantité du fruit, soit pour la quantité de l’huile, soit enfin pour le degré de froid que l’arbre peut supporter sans périr. Je le répète, ce dernier point est de la plus grande conséquence depuis que, par des défrichemens trop multipliés & trop mal entendus, les abris ont si considérablement diminué. (Voyez ces mots) Combien de cantons n’ont pas déjà perdu la superbe prérogative de posséder des oliviers. Tout est terminé pour eux ; leur réussite tenoit à l’abri qu’ils n’ont plus, & qu’ils ne pourront jamais se procurer, même à prix d’argent. (Voyez le mot Agriculture)

I. L’olivier Franc. Olea Europæa. Lin. C’est l’arbre sauvage perfectionné par la culture : ses branches, ses rameaux, ont plus de consistance ; ses feuilles plus de largeur, de longueur, mieux nourries, & ses fruits plus gros, plus charnus, & plus succulens que ceux de l’oleaster. L’huile que l’on en retire, ainsi que des olives des autres espèces, est moins fine, moins délicate que celle fournie par l’olive sauvage. Par-tout où l’on trouve des oliviers sauvages, on peut les convertir en oliviers francs ; en les transplantant, en les cultivant avec soin,