Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/223

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dent en passant successivement de montagnes en montagnes. On dira peut-être que la chaleur devroit augmenter, puisque le vent traverse sur des montagnes sèches. Cette supposition est très-gratuite, il n’en est pas de l’intérieur du royaume comme des provinces du midi, où le ciel est sans nuages pendant l’été, & où il y pleut très-rarement. Au contraire, dans l’intérieur du royaume il y pleut souvent, & chaque pluie introduit la fraîcheur dans l’atmosphère, à cause de l’évaporation qui survient. Dès-lors il n’y a plus cette continuité de chaleur, ni son intensité si nécessaire à la bonne végétation de l’olivier. Pendant les hivers rigoureux, les vignes des cantons les plus abrités de l’intérieur, souffrent du froid ; plusieurs périssent : quel seroit donc le sort de l’olivier ? Malgré les abris, cet arbre ne fleurit en Languedoc & en Provence que dans la fin de mai ou de juin ; son fruit n’est mûr qu’en novembre ou en décembre ; ce qui suppose que l’intensité de chaleur, même dans ces climats de prédilection, est tout au plus à la mesure qui lui convient, puisque dès que l’abri manque, & quoique dans le voisinage, l’olivier devient la victime du froid. Toutes les eaux du royaume s’écoutent dans la méditerranée ou dans l’océan ; l’intérieur est donc plus élevé que ses bords, il y a donc nécessairement moins de chaleur, quelques circonstances heureuses que l’on veuille rassembler ; il n’y aura donc pas assez de chaleur pour la bonne végétation de l’olivier. Voyons actuellement quel degré de froid il peut supporter sans souffrir ou périr.

Je ne sais pas positivement si le résultat que je vais présenter sera le même pour tous les pays à oliviers en France, puisque je n’ai pu étudier les effets du froid dans chaque canton ; mais je réponds de leur certitude dans les environs de Beziers, au moins pendant les sept années que j’y ai resté.

1°. Les froids qui se font sentir pendant les mois de janvier, toutes circonstances égales, nuisent moins aux oliviers que ceux qui surviennent dans le courant de février, & sur-tout vers la fin de ce mois, & au commencement de mars. Il gèle peu souvent, les gelées durent de huit a quinze jours, & rarement davantage dans le mois de janvier, & il ne gèle souvent point du tout. Dès que le froid cesse, ou pendant ses intervalles, la masse ordinaire de chaleur est de quatre à six degrés du thermomètre de Réaumur pendant le jour, & de trois à quatre ou à cinq pendant la nuit. Ces quatre à six degrés indiqués sont le terme moyen ; car la chaleur est parfois de huit & même de dix degrés lorsque les vents du sud règnent. Il ne gèle ici que par le vent du nord qui prend la direction du nord nord-ouest ; direction qu’il acquiert en frappant Contre la chaîne des montagnes noires. Comme ces montagnes sont chargées de neige, ainsi que celles en face de Beziers, qui sont une continuation de la grande chaîne de l’est à l’ouest du Languedoc, le nord se charge du froid de la neige, en dévore la superficie, l’entraîne avec lui, (voyez le mot Neige) & porte le froid dans notre canton, où il ne gèle pas tant que ces montagnes ne sont pas chargées de neige.

2°. Si le froid ne se fait pas sentir en janvier, la campagne avance beaucoup, les sureaux & plusieurs autres