Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/224

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arbustes précoces sont chargés de feuilles, les violettes sont en fleur, &c. ; la végétation se renouvelle, & les amandiers même fleurissent. Elle se renouvelle également dans l’olivier, & elle y seroit en vigueur pendant toute l’année, si elle n’étoit pas interrompue. Sous la différence de la température de l’air ambiant, (v. au mot Amandier, Tome I, page 458) la terre, ou du moins sa superficie, a conservé un reste de chaleur, & tout concourt à maintenir en partie le mouvement de la sève.

3°. Si le froid survient en février, si ce froid acquiert une certaine intensité, s’il est accompagné par un grand courant d’air, ou par des raffales, alors il attaque l’olivier avec plus de violence.

4°. Si le froid est sans courant d’air, il fait peu de mal, parce qu’alors il cause peu d’évaporation.

5°. S’il survient après une pluie, s’il est accompagné de neige, il est terrible quant à ses effets ; & plus terrible encore s’il règne un grand vent. Dans ces circonstances, l’olivier est comme l’homme sur le bras duquel on feroit agir le vent d’un soufflet que l’on humecteroit perpétuellement avec de l’éther (voyez ce mot) ; ce bras seroit bientôt glacé, roide même dans la canicule. Le courant d’air cause l’évaporation de l’humidité qui recouvre l’arbre, & cette évaporation ajoute pour l’arbre, à l’intensité du froid de l’atmosphère.

6°. Les froids de six à sept degrés que l’on éprouve dans les mois de décembre ou de janvier, (cas très-rare) & sur-tout s’ils sont secs, produisent peu d’effets ; mais si la même intensité de froid survient en février, les vieux oliviers, ceux qui sont mal tenus, souffrent beaucoup, & tous en général souffrent plus, si la neige ou la pluie ont devancé le froid. Ce n’est pas le cas d’examiner ici si le fumier qu’on met aux pieds des arbres est nuisible ou avantageux ; on l’examinera en parlant de la culture.

Mon but, en rapportant ces observations, est de prouver que l’olivier ne pourroit pas subsister dans l’intérieur du royaume, qu’il est inutile de songer à l’y cultiver, puisqu’il n’y existe peut-être pas un seul canton où l’on n’éprouve dans l’espace de cinq à six années un froid de dix degrés devancé par la pluie & par la neige. J’ai donc eu raison d’avancer que la Provence, le Languedoc & une partie du bas-Dauphiné ont reçu des mains de la nature un privilège que les autres provinces du royaume peuvent envier, mais qu’elles n’obtiendront jamais. La conclusion à tirer de tout ceci, est que les états de Provence & de Languedoc doivent essentiellement s’occuper de multiplier les oliviers dans tous les territoires de leurs jurisdictions, susceptibles de cette culture ; enfin, que le seul moyen de réparer les pertes immenses de ces arbres précieux, est d’établir des pépinières, de les multiplier & d’en confier la régie, non à des protégés, mais à des cultivateurs instruits.

On ne cesse de répéter que l’olivier se plaît sur les coteaux ; la proposition est vraie en général, parce que l’inclinaison du sol augmente la réfraction des rayons du soleil, & par conséquent la chaleur ; mais si la plaine est bien abritée, comme elle l’est presque par-tout, depuis Nice