marquée à s’élever au-dessus du sol, il est donc prudent de retarder autant que l’on peut ce rehaussement, & empêcher que le collet des racines ne pousse trop tôt des bourgeons. On doit ne jamais perdre de vue que le meilleur terrain se tasse au moins d’un pouce par pied, & beaucoup plus si on a jeté des gazonnées dans le fond des fosses, & si on a employé des balles de bled au-dessus de la couche de terre qui couvre les racines.
Plusieurs auteurs conseillent, lorsque l’on veut remplacer un olivier mort sur place, d’ouvrir une vaste fosse, & de la laisser ainsi découverte pendant une année entière avant d’y planter un nouveau sujet. Cette précaution est-elle indispensable ? Je ne le crois pas, mais elle est au moins très-avantageuse. Ils prétendent encore que la reprise d’un arbre à grosse souche est plus sûre que celle d’un pied de moindre force & à petite souche. La promptitude & la sureté des reprises dépendent de la quantité de racines que l’on a laissées à chaque pied. L’arbre bien enraciné n’est pas obligé, pour reprendre sa séve, à en pousser de nouvelles, au lieu que le pied sans racine, & seulement à souche, ne reçoit qu’une séve mal élaborée, ou plutôt une continuation d’humidité qui fait travailler le peu de séve resté dans ses filières. L’arbre enraciné travaille tout de suite par sa propre force & par celle de ses anciennes racines, & par celle des racines qu’il pousse. Ainsi la différence, comme on le voit, est bien grande entre un pied chargé de ses racines & celui qui ne l’est pas. Quelques-uns de ces auteurs recommandent de placer le pied de l’arbre dans la même direction, relativement à ses pôles, que celle qu’il avoit auparavant. Cette observation est purement minutieuse & ne sert à rien. Dira-t-on que le tissu de l’arbre du côté du midi est plus lâche, plus poreux que celui du nord, de l’est ou de l’ouest, &c. ; &. quand cela seroit, qui peut être assuré qu’un sujet planté dans un autre champ y éprouvera la même direction des coups de vent, des courans d’air que dans le premier. Voilà quel seroit l’objet le plus à considérer & le seul important s’il l’étoit véritablement. D’ailleurs l’arbre aura en moins d’une année repris la texture de son tissu, de la manière qu’il est le plus avantageux de l’avoir. On s’attache à des minuties en plantant & souvent on néglige les points les plus essentiels.
On doit, autant qu’on le peut, aligner les pieds d’oliviers sur des rangées consécutives, lorsque l’on désire avoir des récoltes en grains dans le même champ ; ou en quinconce, lorsque le champ ne doit former qu’une olivette.
La distance d’un pied d’olivier à un autre dépend de la valeur du grain de terre & de la profondeur de la couche : soit, par exemple, une couche de terre passable qui porte sur une autre couche de plâtre, d’argile, &c. ; ce terrain exige une plus grande distance entre les pieds, puisque leurs racines ne pouvant s’enfoncer, ramperont près de la superficie, & s’étendront fort au loin. Dans un champ où la terre est bien végétale & bien substantielle, & qui est situé derrière un bon abri, l’olivier prospérera & par ses racines & par ses rameaux, & occupera un grand espace. Il ne doit donc pas être planté ici aussi près que si le sol étoit maigre, pauvre & froid ; mais combien n’existe-t-il