Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/273

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dormant seroit très-bonne. La greffe sur rejetons, doit être placée fort bas, afin que dans la suite, si le tronc périt, il sorte du collet des racines des bourgeons francs. Lorsque l’on replantera ce sujet, il sera enterré de manière que la greffe soit au niveau du sol, & qu’elle commence la souche proprement dite. Si elle est enterrée, l’arbre languira. On voit cependant des exemples du contraire de ce que j’avance, mais quelques exceptions ne détruisent pas la loi générale ; il faut des circonstances heureuses, rares & difficiles à trouver.

La greffe sur sauvageon se pratique à la même époque. On place un ou deux écussons sur chaque branche que l’on doit laisser, & on supprime toutes les autres ; celles à préférer sont les branches jeunes dont l’écorce n’est pas encore gercée, & qui ont depuis douze jusqu’à dix-huit lignes de diamètre. À deux pouces au-dessus de l’écorce on enlève circulairement une bande d’écorce sur trois à quatre lignes de hauteur, & on laisse à l’arbre la partie supérieure des branches greffées. Ces branches chargées de rameaux, fleurissent & fructifient aussi-bien que si elles fussent restées intactes ; d’ailleurs leurs rameaux, leurs feuilles garantissent les écussons des grandes pluies & des forts coups de soleil. Il est possible de greffer toute une branche entière, il suffit de multiplier les écussons ; mais c’est un tour de force & rien de plus. L’année suivante, ou même deux ans après, la partie de la branche supérieure à l’écusson, est entièrement supprimée. La force & la vigueur de la pousse de l’écusson décident cette époque. Quelques particuliers cependant ont pour méthode d’abattre de temps à autre quelques-uns des rameaux supérieurs à la greffe. Cette méthode peut être très-bonne, mais elle exige de petits soins multipliés qu’on obtiendra avec peine du commun des cultivateurs.

Si toutes les branches de l’arbre sont trop grosses, à écorce trop dure, trop coriace, on les abat & on greffe en couronne (voyez ce mot) sur le tronc.

L’opération pour l’arbre d’espèce chétive, ou peu productive, ou trop tardive, relativement au pays, est absolument la même que celle de la greffe de l’olivier sauvage.

Si l’arbre que l’on veut replanter est de mauvaise espèce ou sauvage, on le greffe aussitôt qu’on l’a mis en terre, ou en couronne ou en écusson, si on a eu la précaution, en abattant les branches, de conserver sur un certain nombre des plus jeunes, un tronçon de quatre à six pouces, afin d’avoir la facilité de placer les écussons. On fera très-bien de recouvrir la plaie du tronçon avec l’onguent de saint Fiacre.

Si on prend les écussons sur un bois gourmand, son bourgeon devenu branche sera long-temps à se mettre à fruit. Si on laisse ces écussons livrés à eux-mêmes, la sève les emportera, ils s’élanceront avec force & produiront beaucoup de bois. Il convient de les ravaler à la seconde ou à la troisième année au plus tard, afin de modérer leur séve & de les forcer à se mettre à fruit : retrancher le canal direct à la séve est l’unique moyen de lui faire produire des bois nouveaux, & par conséquent du fruit.