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L’onguent canet a été fort en vogue ; il est même encore trop estimé pour ne pas en donner ici la composition. Dialcatitio, une livre ; triapharmacum, une livre ; cire jaune, une livre ; huile d’olive, une livre : coupez la cire par morceaux ; jetez-la dans un vase de terre vernissé & placé sur un feu léger ; la cire fondue, ajoutez le dialcatitio, & remuez ; ajoutez ensuite le triapharmacum ; remuez jusqu’à ce que le tout ait acquis une couleur rouge ; enfin mêlez avec ces drogues l’huile d’olive ; remuez sans cesse à mesure que le tout cuit ensemble ; après cela videz dans un pot de terre vernissé, pour le conserver, ou dans un cylindre fait avec du papier fort & huilé. Cet onguent se conserve très-long temps.

L’expérience m’a prouvé que le baume de Geneviève (voyez ce mot) pouvoit suppléer presque tous les onguens dans le pansement des plaies, même les plus sanieuses & les plus putrides.


ONGUENT DE SAINT-FIACRE. Jardinage. Nom donné à un mélange de bouse de vache ou de bœuf avec de l’argile ou autre terre tenace ; il a été appelé de saint Fiacre, parce que ce saint est le patron des jardiniers. Lorsque ces deux substances sont fortement corroyées ensemble, elles se gercent peu, & présentent un tout solide & très-utile pour recouvrir les plaies faites aux arbres, ou la place sur laquelle on a fait l’amputation de quelque branche. La bouse de vache lie entre elles les molécules de l’argile, & leur sert de gluten ; ce qui n’empêche pas cependant, si la plaie est considérable, que l’argile ne prenne de la retraite en se desséchant & qu’il ne se gerce ; mais si pendant le corroi on ajoute des balles de blé ou d’orge, elles forment, par leur entrelassement, autant de liens qui empêchent les gerçures. Il en est de cet onguent comme de ceux qui sont employés sur les chairs de l’homme & de l’animal ; il soustrait la plaie au contact de l’air, préserve la partie ligneuse (qui correspond à la chair animale) du hâle, du desséchement, & permet à l’écorce (en tout semblable à l’épiderme) de s’étendre, de s’alonger, de recouvrir la plaie, enfin de former la cicatrice.

Si chaque fois que l’on taille un olivier, un mûrier, un châtaignier, (voyez ces mots) ou tel autre arbre, on avoit la sage précaution d’employer l’onguent de saint Fiacre, la pourriture ne s’établiroit pas dans la plaie, & le bois ne pourriroit pas depuis le sommet jusqu’à sa base, & par ce moyen on n’auroit aucun tronc creux ou caverneux. Il faut entendre bien peu ses intérêts pour ne pas conserver avec le plus grand soin les troncs des arbres dont le bois est si précieux pour la menuiserie, & dont les fruits offrent d’excellentes récoltes. L’amateur des arbres fruitiers a toujours en réserve une certaine quantité d’onguent de saint Fiacre, afin de s’en servir au besoin, pendant que l’agriculteur charpente ses arbres sans tâcher de remédier au mal qu’il leur fait !

On prépare avec soin, & l’on vend dans les boutiques des cires jaunes, vertes, rouges, &c. dont on se sert inutilement pour les orangers ou pour tels autres arbres fruitiers. On verroit, si l’on prenoit la peine