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grande distance de la Capitale ces arbres border tristement les grands chemins, & offrir aux passans le triste spectacle d’un squelette végétal, tandis qu’ils espéroient voyager paisiblement à l’ombre de leurs rameaux. Cette pratique est, dit-on, nécessaire, afin d’entretenir un plus grand courant d’air sur les chemins. Il seroit plus naturel d’avouer que c’est pour avoir un plus grand nombre de fagots à vendre, & que celui qui dirige ou qui est charge de l’émondage des arbres en sent tout le prix. La suppression des branches inférieures Jusqu’à la hauteur de vingt à ving-cinq pieds au plus, établiroit le courant d’air nécessaire à la dessiccation des chemins, & la route seroit plus agréable.

L’orme bien sec est un des meilleurs bois pour le charronnage, il a le défaut de se tourmenter s’il est verd. On ne peut donc trop blâmer la pratique d’un très-grand nombre de charrons qui tiennent perpétuellement dans l’eau les billes destinées à faire des moyeux de roue, & qui placent dans des endroits frais ou humides celles qui sont destinées aux jantes. Ils travaillent plus facilement ces pièces de bois, mais leur commodité s’accorde peu avec l’intérêt de l’acheteur. Le bois paroît sain au moment qu’ils délivrent leurs marchandises ; mais bientôt après le bois se dessèche, se gerce, les cerceaux deviennent trop larges, les rayons & les jantes se désunissent ; enfin, une roue demande, quelques mois après, à retourner chez celui qui l’a faite. L’acheteur devroit obliger le charron à la faire six mois à l’avance, à la tenir dans un lieu sec, & à ne la payer qu’à cette époque. Alors le charron veilleroit de plus près sur son travail. On se sert également de ce bois bien sec pour les presses & pour les pressoirs. Le cultivateur qui le destine à cet usage, doit, une année avant de couper l’arbre, l’écorcer en grande partie, afin d’avoir un bois dur & nullement sujet à être piqué des vers. Consultez les détails & les avantages de cette opération au mot Aubier.

Le cultivateur intelligent se gardera bien de placer des ormeaux sur les lisières de ses champs, à moins qu’il ne les plante avec leur pivot. Dès que ce point est retranché, l’arbre ne pousse plus que des racines horizontales presque entre deux terres & qui vont affamer les récoltes, les vignes, les prairies, &c., souvent à plus de dix à quinze toises..

V. Propriétés médicinales. La semence de l’orme est remplie d’un suc doux, son écorce & ses feuilles contiennent un suc mucilagineux & gluant, d’une saveur austère. L’écorce moyenne & les racines passent pour astringentes, & la liqueur renfermée dans les vessies formées sur les feuilles, est vulnéraire & astringente.

Il y a quelques années que M. Banauy docteur en médecine, a fixé l’attention du public sur les propriétés de l’écorce moyenne de l’orme, vulgairement nommé orme mâle ou orme pyramidal. Il a annoncé & prouvé par plusieurs expériences, que l’infusion & la décoction de l’écorce moyenne de cet arbre dans l’eau simple, guérissoit les dartres & nitres maladies de la peau. On a aussitôt établi dans presque toutes les villes des dépôts de cette écorce, mais le succès, n’a pas toujours répondu à l’attente des malades.