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& sérosité dans les membranes des nerfs : enfin tout ce qui peut s’opposer au jeu du système nerveux & à la circulation de son fluide, doit être regardé comme la cause immédiate de la paralysie. On voit rarement cette maladie s’emparer tout à coup d’une personne qui paroissoit se bien porter : pour l’ordinaire, elle prélude par quelques signes avant-coureurs, tels qu’un tremblement dans certaines parties, & un engourdissement dans d’autres. Ceux qui en sont menacés, éprouvent un mal de tête opiniâtre, des vertiges, des convulsions plus ou moins fortes, un picotement & un prurit incommode à la partie qui, pour l’ordinaire, est attaquée de paralysie.

Lieutaud nous apprend que cette maladie est rarement primitive ou essentielle. Elle succède communément à l’apoplexie, à l’épilepsie & aux autres maladies convulsives, à la colique néphrétique, à la passion iliaque, à la dyssenterie, à la goutte & au rhumatisme.

Les vieillards, les hypocondriaques, les scorbutiques y sont les plus exposés : les enfans deviennent encore paralytiques par la rentrée des éruptions cutanées, & par la petite vérole mal traitée.

Buchan regarde la paralysie dans laquelle il n’y a que perte du mouvement, comme peu redoutable & bien plus facile à guérir que les autres. Il regarde celle qui a été précédée par l’apoplexie ou toute autre affection du cerveau, comme la plus rebelle. Celle qui occupe le bas-ventre & les parties inférieures, est mortelle.

La paralysie invétérée qui a réduit les parties à un degré de dessèchement & d’atrophie, ne donne aucun espoir de guérison. Les convulsions sont quelquefois la terminaison de la paralysie : elle dégénère aussi quelquefois en gangrène qui est communément précédée de l’enflure de la partie. Enfin la rechute dans cette maladie est plus à craindre que la première attaque, & rarement en a-t-on une troisième.

La fièvre peut être d’un grand secours dans la paralysie ; elle peut exciter une solution spontanée. Mais elle doit venir de bonne heure, & dans le temps où la cause déterminante existe, à moins qu’il n’y ait un état de pléthore. Elle seroit inutile, & même pernicieuse, si elle étoit tardive & lente. Elle est le plus souvent compliquée avec un état de putridité qui aggrave la maladie. On a vu plusieurs paralytiques être guéris par une fièvre vive, périodique, qui passoit tout à coup à un degré de chaleur considérable, & qui étoit suivie de sueurs abondantes.

La nature soulage encore quelquefois par des hémorragies, sur-tout par celle du nez, quelquefois aussi par la diarrhée, qui n’est avantageuse qu’autant qu’elle se fait avec un effort marqué de tenesme, & que les forces du malade ne sont point abattues. Il faut donc ne pas perdre de vue les mouvemens de la nature, de quelque espèce qu’ils puissent être ; afin de les disposer plus parfaitement à une terminaison complette. Il faut les aider s’ils sont trop foibles, & les laisser à eux-mêmes, s’ils sont suffisans ; mais il faut aussi partir de bons principes & s’étudier à bien connoître si la fièvre, ou un flux quelconque, a un caractère avantageux, & s’il faut en aider l’effort, ou lui substituer d’au-