Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/49

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l’arbre, sur lequel les branches ne partent pas toutes de la circonférence du sommet du tronc, mais dont la base est placée à quelque distance des unes aux autres. Dès-lors, il n’y a plus de stagnation d’eau, d’accumulation de poussière, dès lors la transpiration n’est plus arrêtée dans cette partie, ainsi, il n’en résulte ni chancre ni pourriture.

» Il est constant que la taille des mûriers a plutôt été établie dans les différens cantons, d’après l’habitude, que sur les principes de la végétation. En Espagne, dans le royaume de Valence, les cultivateurs font en sorte que les branches s’étendent le plus horizontalement qu’il est possible, afin de donner une plus grande facilité, pour ramasser la feuille ; & s’il manque à l’arbre quelques-unes de ces branches, ils en greffent avec beaucoup de facilité aux endroits où il convient qu’elles soient. Les Valenciens prétendent que leur soie est plus fine, plus nette, plus légère que celle de Murcie, parce que les Murciens n’émondent leurs mûriers, que de trois en trois ans ; cette méthode, à ce qu’ils prétendent, rend la feuille plus dure & plus filandreuse ; mais cette conséquence est fausse, car j’ai observé, ajoute M. Bowles, dans son Histoire Naturelle d’Espagne, que les habitans du royaume de Grenade ne taillent jamais leurs mûriers, & qu’ils croient, toutefois avec assez de fondement, que leur soie est la plus fine de l’Espagne : à la vérité les arbres de Grenade sont des mûriers noirs ; ceux de Valence & de Murcie sont des mûriers blancs ; & la graine de ver à soie de ces deux derniers endroits, transplantée en Galice, où il n’y a pas de mûriers noirs, n’y a pas réussi, tandis que celle de Grenade y a eu de plus heureux succès, parce que les vers s’y élèvent avec des feuilles homogènes à celles du pays. » Il est clair que la taille particulière à chaque endroit, tient à l’habitude & non aux principes. Je n’ai cessé de répéter qu’il n’y avoit aucune loi générale pour tous les pays ; cela est vrai, quant à ce qui concerne les époques de tailler, de semer, &c. qui sont soumises aux climats, mais les lois de la végétation sont partout les mêmes, la nature n’a qu’une marche uniforme : elle ne doit donc jamais être violée dans aucun endroit.

D’après ce qui vient d’être dit dans cette Section, sans considérer si telle ou telle taille contribue à la qualité de la feuille, & par conséquent à celle de la soie ; mais en ne regardant l’arbre que comme arbre, on doit conclure que la taille horizontale amène plus promptement l’arbre vers sa décrépitude, nuit au tronc, & occasionne une perte très-considérable au sol recouvert par les branches. La taille dirigée vers l’angle de 45 degrés, maintient l’arbre dans sa position naturelle ; il y a annuellement moins de bois à ôter, & la récolte du dessous n’est presque pas endommagée. Dans le premier cas, il faut que l’échelle du cueilleur soit promenée sur toute la longueur des branches qui sont très alongées, & parallèlement étendues ; dans le second, l’échelle ne sert presque que pour monter sur l’arbre, dont les branches sont tellement disposées, que des unes aux autres on parvient facilement au sommet, & on