Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/547

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née précédente ; il n’en a pas fallu davantage pour que cette prétendue observation & le propos auquel elle a donné lieu, aient volé de bouche en bouche & se soient accrédités. Seroit-ce la greffe qui occasionneroit la gomme en mettant franc sur franc ? Je ne vois aucune raison probable qui autorise cette hypothèse. Je dirois même que j’ai la preuve du contraire, mais comme je n’exige pas d’être cru sur parole, je prie les amateurs de répéter cette expérience, & de bien examiner si les circonstances extérieures influent plus sur un franc sur franc que sur un pêcher greffé sur un amandier, un prunier ou un abricotier ; enfin, si les circonstances locales ne concourent pas encore avec les extérieures.

Je ne regarde point comme indifférent le choix des noyaux ; celui cueilli sur un arbre sain & vigoureux & d’une espèce déjà bonne & excellente par elle-même, doit nécessairement produire un sujet déjà perfectionné ; il ne donnera pas, il est vrai, livré à lui-même (quelques espèces exceptées) des fruits aussi beaux que ceux fournis par la greffe ; mais ils vaudront beaucoup mieux que si on avoit mis en terre le fruit d’un sauvageon. (Consultez le mot Espèce) Ce seroit même un travail très-intéressant à faire que de semer des noyaux de chaque espèce dans un même terrain, & de statuer ensuite quelle espèce donneroit l’arbre le plus sain, le plus vigoureux, le moins sujet à la gomme, à la cloque, &c & la meilleure espèce de fruit. Un pareil travail seroit bien précieux pour les cultivateurs : à coup sûr on obtiendroit de ces semis des espèces nouvelles, & l’on sait que le pêcher greffé sur le pêcher venu de noyau, donne un arbre fort & vigoureux.

Les amandes, les noyaux d’abricots & de prunes, sont les seuls employés pour les semis destinés à la greffe du pêcher. On choisit, de préférence sur les espèces de prune, les noyaux du damas noir, de la cerisette & du saint-julien. On sème ces noyaux après les avoir maintenus frais dans le sable depuis la maturité du fruit jusqu’au moment de les mettre en terre. Quelques personnes les font germer comme les amandes, (consultez ce mot) avant de les mettre en terre, & d’autres les plantent à demeure à la fin de l’automne ou de l’hiver. La méthode de la germination est plus sûre, quoique plus compliquée, & il ne se trouve jamais de places vides dans la pépinière. Les marchands d’arbres tiennent leurs sujets trop serrés dans les pépinières, soit afin de ménager le terrain, soit afin que les tiges s’élancent plus droites & plus promptement ; mais lorsqu’il faut tirer l’arbre de terre, on est ou dans le cas de gâter les pieds voisins, ou d’écourter les racines de celui que l’on arrache. On s’imagine bien que le pépiniériste prend ce dernier parti. Celui qui travaille pour lui, laisse trois pieds de distance d’un arbre à un autre, ou pour le moins deux pieds.

Plusieurs auteurs ont dit que le pêcher greffé sur l’amandier réussissoit mieux dans les terrains légers ; sur prunier dans les terrains forts, & que telle ou telle pêche ne réussissoit que sur tel prunier, &c. ils ont eu raison dans un sens, mais cela dépendoit de quelques circonstances