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la séve du mois d’août : ces haies ne laissent pas de donner un assez bon nombre de fagots pour le four. Ceux qui veulent en cueillir la feuille pour la première & même la seconde époque de l’éducation du ver à soie, peuvent conserver les pousses de la seconde séve, & les tailler aussitôt après que la feuille a été recueillie. Après la haie plantée en sureau, celle de mûrier est la plutôt venue, & si au lieu de pourrette on plante de vieux pieds, on en jouira complètement après la troisième ou quatrième année ; mais celle-ci durera beaucoup moins, & sera plus difficile à conduire.

Ces haies ne demandent d’autre travail que celui qu’on donne au champ. S’il est possible de les travailler du côté opposé pendant la première & la seconde années, on fera très-bien, afin de les débarrasser des mauvaises herbes qui leur nuisent beaucoup dans le premier âge. Il sera impossible à tout animal, à la volaille même de la traverser. La haie à tiges droites n’est utile que pour la feuille.

CHAPITRE VIII.

De la multiplication des Mûriers par marcottes & par boutures.

§. I. Par marcottes. Je ne parlerai pas ici de la manière de faire les marcottes ; (voyez ce mot) je n’ai jamais employé cette méthode, ni même je ne l’ai jamais vu pratiquer, parce que le semis est si avantageux, & d’une seule fois il multiplie si fort les individus, que je le crois préférable. Il est dans l’ordre de la nature que tous les arbres provignés ou marcottés prennent racine, & surement le mûrier doit être un de ceux qui réussit le mieux, parce que les boutons percent facilement son écorce. D’ailleurs on a l’exemple de vieux pieds de mûriers successivement enlevés, ou par des alluvions, ou de toute autre manière, & on leur voit pousser des racines dans toute la partie qui est recouverte ; à plus forte raison de jeunes branches couchées & presque coudées dans la partie qui sort de terre, comme celle des marcottes, doivent-elles plus facilement mettre de nouvelles racines.

On ne peut espérer de semblables marcottes, que des arbres nains, ou des taillis, ou des haies ; car le mûrier n’est plus aujourd’hui assez précieux pour que l’on prenne la peine de faire passer une de ses branches dans un vase, supporter ce vase en l’air, l’y maintenir, l’arroser, &c. Je le répète, la marcotte ou provins n’est utile que dans les taillis.

§. II. Des boutures. (Voyez ce mot) Cet expédient est d’une utilité plus générale, sur-tout dans les pays où le mûrier est rare, & où les facultés des particuliers ne leur permettent pas d’acheter des arbres tout faits. Les boutures ne réussiront jamais, si on n’a pas l’abondance d’eau nécessaire aux arrosemens. Cette circonstance est, pour l’ordinaire, très-rare sur les terrains que l’on destine aux mûriers. La bouture a encore le défaut de ne fournir que des racines horizontales, & je ne cesserai de dire que la durée d’un arbre à pivot est au moins du double de celle du mûrier auquel on l’a supprimé.

Les auteurs sont peu d’accord sur l’âge du bois destiné à faire une bouture ; les uns veulent qu’elle ait deux,