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les autres, trois ou quatre ans. Cependant il est de fait que plus la branche sera âgée, & moins facilement elle poussera des racines. Un bon bourgeon de l’année qui tiendra, à sa base, à une partie du bois de l’année précédente, me paroît préférable. Il en est de ces boutures comme des crocettes de la vigne, (voyez ce mot) elles ne sont jamais franches. D’ailleurs ce morceau de vieux bois forme déjà par lui-même le bourrelet ; & pour qu’une racine pousse, elle doit sortir d’un bourrelet. (Voyez ce mot)

On recèpe la bouture à deux pouces au-dessus de terre, & de temps à autre on travaille & on arrose le sol. Ces deux méthodes auxiliaires ne valent pas celle des semis ; au lieu de vingt ou cent boutures, ou marcottes qui donnent beaucoup de peine & demandent beaucoup de soin, les premières sur-tout, le semis peut donner jusqu’à un millier d’arbres.

CHAPITRE IX.

Quand peut-on commencer à cueillir la feuille sur un arbre, & comment doit-on la cueillir ?

Il n’y a, à proprement parler, point d’âge fixe ; la première cueillette dépend de la force de l’arbre. Si sa tête n’est pas déjà bien formée, il est clair qu’en ramassant la feuille on détruira un grand nombre d’yeux ou boutons qui auroient, dans l’année ou dans les suivantes, fourni les bourgeons nécessaires à la forme de la tête. Il est donc plus prudent de ne pas accélérer une jouissance qui devient préjudiciable. La troisième ou la quatrième années après la plantation, sont en général les époques auxquelles on commence à cueillir. Comme ces jeunes arbres seront les premiers feuillés, c’est par eux que doit commencer la récolte, afin de leur donner le temps de faire des pousses longues, bien nourries, & devenues ligneuses avant la chute des feuilles. Si la nécessité oblige de lever la feuille très-tard, on doit au moins commencer par ceux-ci l’année suivante, afin de leur donner le temps de se remettre. La feuille des jeunes arbres est en général trop aqueuse, pas assez nourrissante, & indigeste. Elle ressemble en ce point à celle des mûriers plantés dans des fonds bas & humides.

De la manière de cueillir la feuille, dépend la conservation de la tête & la prospérité de l’arbre. L’on doit prendre la petite branche d’une main, & glisser l’autre de bas en haut. Si, au contraire, on prend de haut en bas, l’effort de la main fait sauter les yeux ou boutons, & souvent leur rupture entraîne une partie de l’écorce ; de manière que l’on voit sur la branche, plaie sur plaie. On a déjà dit que toute éducation de ver suppose que l’on a une certaine quantité de mûriers nains, ou en espalier, ou en taillis, afin d’avoir de bonne heure une feuille nouvelle & tendre. Si, pour avoir plutôt fait, on arrache le petit bouquet de feuilles qui se présente, on détruit entièrement les bourgeons à venir ; & la sève trouvant une issue libre dans ceux qui restent au sommet, s’y porte avec violence, & il ne repousse plus d’yeux dans la partie inférieure de ces branches ; ce qui oblige à les ravaler beaucoup plus souvent qu’on ne le devroit, d’où résulte l’épuisement rapide de l’espalier, du nain ou des taillis. Le