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soit pour augmenter la beauté du coup-d’œil, soit pour maintenir l’équilibre de la séve dans toutes les parties de l’arbre. La multiplicité des fruits nuit à leur grosseur, & épuise la mère qui les nourrit. Cependant il seroit absurde, pour avoir quelques pêches plus belles, d’en supprimer un trop grand nombre.

4o. Découvrir les fruits. Tant qu’ils sont trop nouveaux, les feuilles les garantissent des fâcheuses impressions de l’atmosphère & de la trop grande activité du soleil ; les feuilles les couvent, pour ainsi dire ; mais le moment est venu où ils doivent prendre une forte croissance & acquérir les belles couleurs dont la lumière seule du soleil est capable de les embellir ; la peau qui les couvre, trop tendre & trop délicate, ne passeroit pas impunément de l’ombre au grand éclats la chaleur & la lumière la racorniroient : c’est donc peu à peu que les feuilles doivent être enlevées, & leur soustraction commencera quelques jours avant que le fruit se dispose à changer de couleur : cependant les pêches tardives exigent d’être effeuillées de meilleure heure, sur-tout dans les pays trop tempérés ou froids, lorsque l’on craint qu’elles mûrissent trop tard ou point du tout.

On n’a sans doute pas oublié que chaque feuille est garnie à sa base d’un bouton, qu’elle l’enveloppe presqu’en entier dans sa naissance, & qu’elle le nourrit jusqu’au moment où il n’aura plus besoin de son secours. Or, si on supprime la feuille entière, on donne la mort au bouton, l’on détruit, dans un seul instant, l’opération de la nature, & l’on se prive de la douce espérance de voir le bourgeon nouveau ou le fruit que devoit donner cet œil. Le jardinier intelligent se contente de couper la feuille par le milieu de sa longueur ou de sa largeur, soit avec la serpette, soit avec des ciseaux. Il reste à cette feuille assez de ressources pour la nourriture du bouton.

Si l’on veut faire une expérience amusante, on n’a qu’à découper sur du papier mince la figure que l’on désire, & qui en forme le vide ou le plein, on applique & on enveloppe le fruit avec ce papier découpé ; alors la partie qui correspond au vide, se colore très bien, & l’autre se conserve uniforme. On n’attend pas la complette maturité du fruit pour enlever le papier, parce que la partie du fruit non colorée resteroit trop blafarde. Quelques feuilles de persil, collées avec de la gomme arabique, produiroient le même effet, & si l’on ne découvroit pas la supercherie, la chose paroîtroit singulière. Tout ceci n’est qu’une affare de pure curiosité, & rien de plus.

Si en effeuillant, on découvre quelques fruits superbes, pour la grosseur & la beauté de leur forme, & si l’on craint que leur pesanteur, que des coups de vent où quelques accidens ne les fassent tomber, on peut les soutenir avec une lisière, mais il ne faut point leur faire perdre leur direction, ni les serrer, ni les comprimer, &c.


CHAPITRE IX.

Des maladies du pécher.


Elles se réduisent à la cloque des