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feuilles, à la gomme, à la brûlure à la jaunisse & à la lèpre ou meunier, ou blanc. Afin d’éviter les répétitions, consultez les mots Blanc, Cloque, Gomme & Jaunisse. M. de Meuve, seigneur de Chamboix en Normandie, m’a communiqué la note suivante.

J’ai essayé de guérir les pêchers de la maladie de la punaise & du noir, qui en est une suite. Je trouvai violent le conseil donné par M. l’abbé Roger, de les arracher, parce que c’est une maladie épidémique qui se communique à tout un espalier. J’essayai donc si je ne trouverois pas quel qu’enduit qui pût détruire cet insecte malfaisant. J’en lavai un avec de l’eau de savon, un second avec une décoction de cire, un troisième avec du vinaigre, un quatrième avec de l’huile de rabette que je crois être de l’huile de navette appelée ainsi en Normandie ; j’en enduisis un cinquième de bouse de vache. De ces cinq essais le vinaigre & l’huile ont réussi le mieux ; mais dans le courant de l’été, les punaises se remirent sur celui qui avoit été lavé avec du vinaigre. Je ne parle point des autres moyens qui ne produisirent aucun effet sensible : il reste à parler de l’arbre qui fut enduit d’huile ; il n’y a plus reparu de punaises ; &, contre toute mon espérance, cet arbre que je croyois devoir périr par l’effet de l’huile qui a dû en boucher les pores & empêcher la transpiration qui se fait par les petits canaux, suivant le système de quelques naturalistes ; cet arbre, dis-je, enduit d’huile, a été depuis très-frais pendant tout l’été de 1778, & l’est encore cette année-ci. Voyant que ce moyen m’avoit bien réussi, après avoir fait tailler mes pêchers, j’en ai enduit d’huile dans le mois de décembre 1778, environ une douzaine, qui étoient très maltraités par les punaises. Ces insectes n’ont pas reparu, mais il est arrivé à ces arbres ce qui n’étoit point arrivé au pêcher que j’avois enduit en 1777, ils ont perdu beaucoup de branches pendant l’été suivant ; mais elles ont été remplacées par le nouveau bois qui a repoussé en abondance. En supposant que la perte de ces branches soit due à l’huile, ce moyen est toujours plus avantageux que d’arracher les pêchers.


CHAPITRE X.

Des propriétés du pêcher.


La saveur de la pêche est acidule, vineuse, sucrée & agréable ; ce fruit nourrit peu. Plusieurs personnes se plaignent de coliques, & sont tourmentées par les vents après en avoir mangé. Ces effets tiennent beaucoup à la disposition de l’estomac dans lequel il se fait un trop prompt dégagement de l’air contenu dans le fruit : on croit y remédier en saupoudrant la pêche avec du sucre rapé. Cette ressource satisfait plus le goût qu’elle ne prévient le mal. Il vaut mieux cueillir un ou deux jours d’avance la pêche, la conserver dans la fruiterie, & la servir ensuite : pendant ce laps de temps, elle laisse échapper une grande quantité d’air, & elle ne cause plus de vents. On peut les manger simplement cuites à l’eau ou en compote.