Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/594

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contenir une amande qui, fraîche & triturée dans l’eau, la blanchit & fournit une véritable émulsion, & qui, étant séchée, fournit, par la pression, une véritable huile. Tels sont les pépins de raisin, les semences de poires, de pommes, & de toute la famille des melons, courges, concombres, &c. L’usage a prévalu parce que l’on n’a pas eu une idée distincte des parties constituantes du pépin, & l’on dit aujourd’hui graine de melon, de courges, &c. Le pepin a quatre caractères qui lui sont propres : 1°. celui d’être renfermés dans un fruit, 2°. d’avoir pour écorce une substance coriacée, 3°. de fournir une émulsion, & 4°. de donner de l’huile.

Le pépin qu’on peut le plus aisément rassembler, est celui du raisin. Si on ne le conserve pas pour nourrir la volaille & les pigeons, on en retire, par l’expression, & en le traitant comme le colzat & la navette, (consultez ces mots) une huile qui brûle très-bien, & qui peut servir à différens usages économiques.


PÉPINIÈRE. Lieu où l’on sème & où l’on plante de petits arbres. Tout propriétaire d’un domaine un peu considérable doit songer à établir chez lui une pépinière, non seulement pour les arbres fruitiers, mais encore pour les forestiers, & s’il le veut, pour ceux d’agrément. Les trois quarts du temps on ne boise pas sa métairie, parce que l’on ne sait ou prendre les plants ; l’on craint la dépense, & l’on redoute sur-tout le manque de reprise des arbres. On ne s’appercevra pas de la dépense si on a une pépinière à sa portée & à ses ordres, & la reprise sera immanquable lorsqu’on enlèvera de terre les arbres avec toutes leurs racines, & qu’ils seront aussitôt replantés.

L’étendue de la pépinière fruitière doit être proportionnée aux besoins de la métairie ; mais la forestière sera très-ample & très-étendue. Les enfans béniront la mémoire de leurs pères lorsqu’ils verront la multiplicité d’arbres qu’ils auront plantés. On arrache aujourd’hui, on abat par-tout ; la spéculation de beaucoup planter ne peut donc être que très-bonne & très-lucrative ; ce que je démontrerai encore «lieux au mot Taillis.

Dès que les opérations ont pour but l’utilité & le profit, c’est la plus grande de toutes les erreurs de songer à cultiver des arbres étrangers, à moins que l’expérience la plus décidée ne prouve qu’ils y réussissent déjà, & qu’ils y sont acclimatés. Ce conseil n’empêche pas qu’on ne tente d’en naturaliser quelques-uns, mais en petit nombre, afin de ne pas avoir beaucoup sacrifié pour retirer très-peu. (Je parle pour le cultivateur peu aisé)

Il n’en est pas ainsi des arbres fruitiers. Le maître vigilant fera tous ses efforts pour se procurer les espèces les meilleures, les plus belles & les plus productives. Un arbre dont le fruit est de qualité médiocre ou mauvaise, occupe inutilement le même espace qu’un bon arbre, & il n’en coûte pas plus de planter l’un que l’autre. On ne sauroit croire de quelle ressource est le fruit dans une grosse ménagerie, & Combien il économise ce qu’on appelle la pitance. Il en constitue plus de la moitié depuis le commencement de juin jusqu’à la fin de l’automne. Si on est