Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/597

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dans l’hiver : pour des injures duquel les en garder, sera besoin leur faire par-dessus, quelque légère couverture, avec des peaux, perches & pailles : par ce moyen à l’arrivée du printemps, se trouveront les jeunes arbrisseaux avoir grand avantage par-dessus les autres qui, fermés à l’issue de l’hiver, ne seront lors que naistre, & partant plus tardifs, ne les pourtont atteindre de tout l’été. Donc mieux vaudra s’avancer que reculer en ceste action, si la saison le porte & favorise l’entreprinse[1]. »

» Levez qu’en soient de terre les jetons, aussitost curieusement les sarclera-t-on pour gayement & sans destourbier les faire croistre, sans souffrir qu’herbe aucune parcroîsse quant & eux. Seront aussi, & pour la mesme cause, beschés ; ce qui leur servira en outre, à leur esgayer la terre pour l’alongement des racines, mais ce sera en y allant retenu, à ce que par trop profonder en ce commencement, les racines n’en fussent offensées ; ainsi faisant s’avanceront sans destourbier, profitons toute la substance de la terre. »

» Se faudra abstenir de couper aux arbrisseaux aucun rejeton pendant qu’ils-sont en la pépinière ; ainsi les laissera-t-on croistre à leur gré, attendant de les curer en temps convenable, leurs tronc estans affermis affermis. Ce traitement les avancera de tant que dans la mesme année de l’ensemencement se rendront propres à être remués en la bastardière pour là, s’achever de faire, pourveu qu’on les tienne arrousés pendant les grandes chaleurs de l’été, desquelles ne pourroient sortir dans le secours de l’eau. Voilà quant aux pepins, d’autres espèces ne s’en trouvans que de poires, de pommes, de cormes ou sorbes, si on ne veut mettre en ce rang le meurier, ce que toutes fois ne me semble à propos, veu que de tel arbre est traité avec les sauvages, & que pour la grande abondance requise pour la soie, l’on ne le resserre dans le verger, ains en compose-t-on des forests toutes entières[2]. »

« Les noyaux & fruits, pour en avoir des arbres, seront fermés en mesme temps que les pepins ; mais diversement, car il convient les mettre en terre par rayons, quatre doigts de profond, & autant de distance l’un de l’autre. Les rayons seront faits en ligne droite avec la serfouette, & au fond d’iceux posera-t-on les noyaux & fruits la poincte contre-mont, non jamais au contraire, pour la commodité des germes, lesquels sfortans par cet endroit, là facilement poussent,’mais parce qu’en telle observation, par aventure, se pourrait treuver par trop de difficulté, ne fsra que bon de coucher de plat les noyaux & fruits ; car ainsi sans hasard ne laisseront-ils de commodément produire leurs jetons. Amandes, noix, noisettes ou avelaines & chastaignes, sont les fruits semables, lesquels il convient empoyer tous entiers,

  1. Ceux auxquels le climat ou les moyens ne permettent pas de semer en automne, & de garantir les pepins des froids rigoureux, pourront les semer dans des caisses, dans des pots, &c. & les enfermer pendant les gelées.
  2. Il est bon d’observer qu’Olivier de Serres écrivoit sous Henri III : or ces foréts de mûriers prouvent que leur culture étoit déja très-avancé & très-répandu, même dans le Haut Languedoc, lorsque Henri IV commença à encourager leur culture.