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administrez tous les jours, le matin à jeun, à l’animal, trois pintes de décoction détersive, pectorale, vulnéraire & astringente ; pour cela prenez racine de grande consoude deux onces, racines de guimauve une once ; feuilles de bugle & de lierre terrestre, de chacune une demi poignée ; faites bouillir dans une suffisante quantité de décoction d’orge, & réduisez-là à six livres, ou trois pintes ; passez-là, & ajoutez à la colature une demi-once de baume de copahu, ou bien substituez à ce baume une demi-once de soufre térébenthine ; continuez ce breuvage pendant quinze jours, & par ce moyen vous parviendrez quelquefois à la guérison de la pulmonie qui succède aux maladies qui reconnoissent pour cause une inflammation simple des poumons.

Mais quant à celle qui est causée par des tubercules suppurés, par la gourme, la morve, le farcin, nous le répétons, elle est incurable.

On connoît que l’écoulement du pus qui se fait par les naseaux, vient seulement des poumons ; lorsque cet écoulement est simplement purulent, que l’animal tousse, & qu’il n’est pas glandé. Il arrive cependant avec le temps, que le pus, en passant par le nez, ulcère quelquefois la membrane pituitaire, & cause la morve proprement dite, dans laquelle le cheval devient glandé, & la pulmonie est alors composée. (Voyez Morve quant aux autres signes qui la caractérisent) M. T.


PHYTOLACA ou RAISIN D’AMÉRIQUE. (Planche XX) Von-Linné le classe dans la décandrie digynie, & le nomme Phytolacca americana. Tournefort le place dans la sixième section de la huitième classe des herbes à fleur en rose, dont le calice devient un fruit mou.

Fleur ; rosacée, composée de cinq pétales ouverts, étendus, courbés à la pointe, & dépourvue de calice ; A, représente sa fleur avec ses dix étamines.

Fruit ; baie B, pleine de suc, aplatie en-dessus & en-dessous, à dix sillons longitudinaux. Cette baie est vue en C, coupée transversalement ; chaque loge contient des semences lisses, & en forme de rein D.

Feuilles ; portées par des pétioles lisses, simples, très-entières, chargées de nervures, douces au toucher.

Racine ; en forme de fuseau, blanche, plus grosse que la jambe dès la seconde où la troisième année.

Port. Les tiges s’élèvent quelquefois à la hauteur de six pieds, elle sont rondes, fermes, rougeâtres, rameuses, cylindriques ; les fleurs sont disposées en grappes opposées aux feuilles, soutenues par de courts pédoncules ; la couleur des fleurs est purpurine, & celle des baies, lors de leur maturité, est d’un violet foncé tirant sur le noir ; les feuilles sont alternativement placées sur les tiges.

Lieu. Originaire de Virginie, de l’Amérique ; on la cultive dans les jardins, où elle brave les rigueurs de l’hiver ; la plante est vivace.

Propriétés ; les feuilles sont, dit-on, anodines & résolutives ; elles ont une odeur légèrement virulente, une saveur fade, âcre & nauséabonde. On a essayé l’usage de l’extrait de ces feuilles & leur application sur des tumeurs squirreuses & cancéreuses, ainsi que sur des ulcères de cette