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donner ; & si on sait les conduire, si on sait à propos les incliner & supprimer le canal direct de la séve, on peut en faire des berceaux agréables, & des palissades semblables à celles des charmilles, & dont les feuilles seront d’un vert plus gai.

Le mûrier noir à gros fruit, à larges feuilles, ou mûrier vulgairement appelé Espagne, pousse peu en branches ; on le taille sans peine à la manière des orangers, & sa tête arrondie, produit un joli effet. Quant aux palissades & tonnelles, elles demandent à être traitées, ainsi qu’il a été dit au mot haie : si on veut se hâter de jouir, si on laisse pousser perpendiculairement de longs rameaux, la palissade & tonnelle seront bientôt formées & couvertes ; mais la séve emportera ces branches, & toutes celles de l’intérieur se dessécheront. Le grand point, le point unique, est de tirer toutes ces branches près la ligne horizontale, & conserver cette direction aux bourgeons qui en proviendront. Lorsque l’une ou l’autre est formée, on la taille ou avec le croissant, ou avec les ciseaux nommés forces ; on ne doit point cueillir la feuille sur ces palissades, ni sur ces tonnelles.


MUSCADE, MUSCADIER. Arbre indigène aux îles Moluques, & dont l’existence est presque circonscrite dans les possessions Hollandoises de ces contrées. Peu à peu le hollandois a extirpé les arbres qui fournissent les épices, & même il n’en a conservé que le nombre de pieds à peu près relatif à la consommation qu’il en fait dans le commerce. On doit cependant espérer que les françois jouiront dans peu de ces arbres précieux. M. Poivre, ancien Intendant de l’isle de France, & dont les habitans le regardoient comme leur père, comme leur ami, est enfin parvenu à force de soins, & de vigilance, à se procurer un certain nombre de pieds de muscadiers, de canneliers, & il les a cultivés avec le plus grand soin, pendant son administration dans cette île. Il est à présumer que ses successeurs auront entretenu l’ouvrage de l’Intendant patriote & philosophe.

Le fruit de cet arbre est appelé muscade, & il est plus employé dans les cuisines qu’en médecine ; cependant l’huile essentielle qu’on en retire, est très-utile, lorsque l’on veut faire des onctions sur les membres paralysés.


MYRTE COMMUN. Tournefort le place dans la huitième section de la vingt-unième classe des arbres à fleur en rose, dont le calice devient un fruit à pépin, & il l’appelle myrtus communis italica. Von-Linné le nomme myrtus communis, & le classe dans l’icosandrie monogynie.

Fleur, composée de cinq pétales blancs, disposés en rose, ovales, entiers, insérés, ainsi qu’un grand nombre d’étamines, dans un calice d’une seule pièce, mais divisé en cinq parties aiguës, & qui comprend le germe dans sa base ;

Fruit ; baie ovale, couronnée d’un ombilic formé par les bords du calice ; la baie est à trois loges, & renferme des semences en forme de rein.

Feuilles presqu’adhérentes aux tiges, simples, très-entières, ovales marquées d’un sillon dans leur longueur, luisantes, unies, odorantes.

Racine, ligneuse, très-fibreuse.