Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/711

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tion, retranchez-lui le foin & l’avoine, mettez-le à l’eau blanche & à la paille pendant trois ou quatre jours ; saignez-le deux fois, & purgez-le le second jour après la seconde saignée ; trois jours après ce purgatif, procédez l’opération de la manière suivante :

L’appareil nécessaire étant disposé, jetez le cheval à terre & renversez-le sur le dos, en lui élevant le train de derrière ; c’est-à-dire, qu’il faut lui tirer les pieds de derrière vers la tête ; maintenez-le dans cette situation, par des bottes de paille, ensuite assujettissez les jambes de derrière avec des plates-longes, approchées vers la tête ; l’animal ainsi pris & écarté, fendez avec un bistouri, de la longueur d’un pouce & demi ou environ, le canal de l’urètre longitudinalement, vers le bas de la symphise des os pubis ; introduisez une sonde cannelée & courbée, pour pénétrer dans la vessie, prenez ensuite un bistouri tranchant des deux côtés, dans la forme du lithothome ordinaire, afin qu’il puisse glisser dans la sonde & inciser du même coup le col de la vessie, en évitant de toucher le rectum ; la vessie étant ouverte, quittez le bistouri & prenez les tenettes, qui doivent être plates & presque tranchantes, afin de pouvoir les faire glisser dans la sonde à la faveur de laquelle elles entrent, sans avoir besoin de conducteur ; chargez la pierre & faites en l’extraction.

L’opération doit être prompte, par la raison qu’il faut profiter de la présence de l’urine dans la vessie ; cette humeur étant évacuée, les parois de ce viscère s’affaisseroient & s’approcheroient de la pierre, ce qui rendroit l’extraction plus difficile, en exposant sur-tout l’artiste vétérinaire à pincer les duplicatures où rides que formeroit alors la vessie. Si le calcul est trop gros, on peut aisément le casser avec les tenettes ; il est mol & friable dans le cheval ; mais lorsque les pierres ou graviers sont petits, introduisez une curette en forme de cuiller avec laquelle vous les extrairez ; injectez la vessie avec une légère décoction de graine de lin ; cela fait, détachez le cheval, & faites-le rentrer dans l’écurie sans mettre sur la plaie aucun appareil. L’opération finie, saignez l’animal deux fois le même jour, ôtez-lui toute nourriture solide, donnez-lui pour boisson ordinaire, une eau blanche, légère ; administrez beaucoup, de lavemens émolliens dans les trois premiers jours. Le quatrième jour, donnez-lui deux jointées de son mouillé, avec deux livres de paille le matin, & autant le soir ; le lendemain & les jours suivans, augmentez le son & la paille par degrés. Pendant ce temps, la suppuration s’établit dans la plaie, ayez le soin de la tenir propre avec des lotions adoucissantes, & si les chairs viennent à excéder, bassinez la plaie avec la teinture d’aloès ; par ce traitement vous préviendrez l’inflammation & les suites fâcheuses qui pourroient en résulter ; dès les premiers jours les urines passent en partie par la verge, & la plaie est cicatrisée au bout d’un mois. M. la Fosse qui a fait cette opération, dit : « que puisque les chevaux sont sujets au calcul, il est en droit de conclure, d’après l’expérience, que l’on peut hardiment la pratiquer à leur égard. » M. T.