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dinier doit donc, chaque année, les resserrer & ne pas se contenter de couper au-dessous des pousses de la saison, si le besoin l’exige. La partie inférieure du rameau qui jouit alors des bienfaits de l’air, & sur-tout de la lumière, se charge de branches nouvelles, & le vide est bientôt remplacé. Une attention scrupuleuse que doit avoir le jardinier, est de ne jamais laisser pousser des tiges ou branches, près du collet de la racine, ou qui s’élancent de la terre. Si on ne s’oppose à leurs progrès par la destruction totale, ces nouveaux jets dévieront le cours de la sève, ne tarderont pas à s’en emparer, & nuiront beaucoup au reste de l’arbre ; mais si le collet des racines est ombragé comme dans les tonnelles, dans les palissades épaisses, on n’a pas à craindre ces jets parasites ; s’il en paroît, ils sont bientôt étouffés.

On ne doit songer dans aucun pays à multiplier le myrte par semences, à moins qu’on ne puisse pas s’en procurer quelques pieds ; cet arbre reprend si facilement par marcottes & par boutures, que c’est perdre un temps précieux que de recourir aux semis. La marcotte n’a rien de particulier ; (voyez ce mot) pour la bouture, on choisit les jeunes pousses de l’année précédente, on les effeuille jusqu’à la moitié, ensuite tordant la partie inférieure sans détacher l’écorce, on applique un doigt vers le milieu de la partie qui doit être enterrée, & on l’enfonce ainsi, dans la terre préparée à la recevoir. Le nombre des boutures sera proportionné à la grandeur du pot ; aussitôt après ce pot est mis à l’ombre & arrosé au besoin. Plusieurs auteurs conseillent d’étendre des paillassons pendant le jour pour les garantir du hâle ; cette précaution est plus nuisible qu’utile, il suffit que la bouture soit placée dans un lieu découvert au grand air, & où le soleil ne donne point.

On attend communément que l’arbre soit en séve, pour commencer l’opération des boutures ; c’est le plus sûr, cependant j’en ai fait dans le courant de l’hiver & elles ont réussi. La bouture reste en terre jusqu’à la fin de l’hiver, & à l’approche du printemps on la lève avec toutes ses racines, & la terre qui les environne, soit pour la planter dans un pot, soit pour la mettre en pleine terre suivant le climat. Si dans les pays chauds on l’expose contre un mur pour en faire des palissades, il est à propos d’empêcher, pendant un mois ou pendant six semaines, qu’elle ne soit directement frappée par les rayons du soleil ; mais on ne doit pas la priver du courant d’air ni du soleil. Des arrosemens donnés au besoin, quelques légers labours, sont par la suite les seuls soins qu’elle demande.

Les myrtes placés dans des pots ou des caisses, doivent être traités comme les orangers, (voy. ce mot) & comme euX, être transportés avant le froid dans l’orangerie ; je demande s’il ne seroit pas possible d’acclimater cet arbre dans les provinces du centre & du nord du royaume, au point qu’il passât les hivers en pleine terre. Un fait que depuis quatre ans j’ai sous les yeux, me porte à le croire.

En arrivant dans la province que j’habite actuellement, je fis détruire une vieille haie de myrtes ; les jeunes tiges enracinées furent transplantées ailleurs. Il me restoit des tronçons gros