Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/762

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au lieu d’être toutes dirigées sur la ligne oblique, le sont sur la perpendiculaire. Dès-lors la séve cède à l’impulsion naturelle qui la porte vers le haut ; elle suit la loi naturelle, & elle obéit à la lumière du soleil qui l’attire ; tandis que, dans l’arbre en éventail ou en espalier, cette tendance vers le haut est modérée par l’inclinaison des branches, qui les force à se mettre à fruit ; ce que ne fait pas toujours le pincement, ou du moins, ce qu’il opère quelquefois très-mal, & presque toujours au détriment de l’arbre. Il y a donc très-peu de cas où le pincement soit utile ; il l’est sur les bourgeon cloqués ; (consultez le mot Cloque) sur les bourgeons surpris par la gelée ; il l’est, lorsque dans le milieu d’un arbre taillé en espalier, il se trouve un gourmand qu’on pince afin de garnir une place vide.

Telle est la méthode généralement suivie ; mais cette méthode est-elle sans exception ? c’est ce qu’il faut examiner. Je ne vois aucune raison qui oblige de pincer les arbres à pepins, puisqu’on obtiendra les mêmes résultats par la taille d’été. Il est une époque plus ou moins avancée, suivant les climats, où les pousses de l’année sont dépourvues de feuilles au dernier bouton de leur sommet ; cette observation neuve, & de la plus grande importance, est due, ainsi que je l’ai dit dans cet Ouvrage, à M. de la Bretonnerie. La chute des feuilles du bouton terminal, annonce que la première séve est finie, & que la seconde, vulgairement nommée séve du mois d’août, pousse d’août, va commencer. Cette indication est réelle dans tous les climats, mais seulement plus ou moins avancée ou retardée dans les uns que dans les autres. Si avant cette époque on commence la taille d’été, autrement dit l’ébourgeonnement, le bouton supérieur de la partie qui reste, pousse avec vigueur, & les yeux placés sur la partie inférieure restent fermés jusqu’à l’année suivante. On épuise donc l’arbre en pure perte, puisqu’à la taille d’hiver on sera obligé de ravaler cette pousse, tandis que le bourgeon taillé à l’époque convenable se met à fruit par le développement de ses yeux. Le cassement des branches équivaut à peu de chose près au pincement lorsqu’il est fait avant la saison, c’est-à-dire, qu’il fait naître beaucoup de faux-bourgeons qu’on est obligé de rabaisser ou de casser de nouveau. Ces plaies multipliées sur l’arbre, ce dérangement dans le cours de la séve, nuisent essentiellement à l’arbre, & prématurent son dépérissement, lorsque l’on ne suit pas les indications données par la nature.


PINONS. (famille des) Il est juste, après avoir parlé de la société des Bousbots de Franche-Comté, des maximes & de la conduite qui ont mérité à Jacques Gouyer, le glorieux surnom de Socrate rustique, (consultez le mot Kiloogg) de fixer les idées sur la famille des pinons, dont M. de ***, a fait le plus grand éloge, & après lui, les différens papiers publics. Ils ont attribué à la seule famille des pinons une manière de vivre commune dans une très-grande étendue de pays. Le régime de cette famille est le même