Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/773

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Piqûre des insectes. La piqûre des abeilles, des guêpes, des cousins, des moucherons, &c., excite une grande phlogose chez les animaux ; mais cet engorgement n’est point dangereux, & se dissipe pour l’ordinaire au bout de deux ou trois jours ; l’huile, l’urine chaude, le vinaigre, sont très-propres à dissiper cet accident. Si les piqûres ne sont pas trop multipliées, il est inutile d’avoir recours à ces topiques ; l’eau fraîche seule suffit pour la faire disparoître ; mais quant à la piqûre ou morsure des animaux venimeux qui ont des suites funestes, tant par la qualité délétère du venin, que par la blessure des parties nerveuses ; Consultez l’article Morsure des Animaux, tome VI. M. T.


PISAI ou PISÉ, ou Terre battue entre deux planches[1], au moyen de laquelle on construit des murs,

  1. Note de l’Éditeur. M. Boulard architecte, voyer, inspecteur de la ville de Lyon, membre de plusieurs académies, & déjà connu par un grand nombre de mémoires imprimés, a eu la bonté de se rendre à ma prière, & de se charger de cet article si essentiel, & si avantageux pour les campagnes. J’espère que le public s’unira à moi, afin de lui exprimer notre reconnoissance… J’avois en 1772 imprimé, dans le Journal de Physique un mémoire de M. Goisson, sur le même sujet ; mais il n’étoit ni assez clair ni assez méthodique pour l’imprimer ici.

    Cette manière de bâtir s’est transmise de générations en générations depuis le temps des Romains, dans la majeure partie des provinces méridionales du royaume. Nous leur devons également l’art du béton, (consultez ce mot) ainsi que les vignes qui enrichissent nos coteaux. Les anciens écrivains se sont servis du verbe latin piso, pisas, pisare ; Varron a dit, piso, pisi, pisere, auquel on substitua ensuite celui de pinso, &c. & celui de pinsor pour désigner celui qui bat au mortier, ou qui pile dans un mortier. En effet, les banchées, (consultez ce mot technique à la fin de l’article Pisé) tiennent lieu de mortier ou de moule, & l’on voit que la tradition a conservé au mot françois presque son entière identité avec l’expression latine.

    J’avois pensé jusqu’à ce jour, que le pisai ne pouvoit résister aux vents salés qu’on éprouve sur les lisières de la mer, & jusqu’à la distance où ils s’étendent avant que leurs parties salines soient décomposées. Je jugeois, par analogie, du pisai par le plâtre, qui perd bientôt sa consistance lorsque ces vents marins agissent directement sur lui ; ils l’émiettent, le réduisent en poussière, & le décomposent promptement. Ils sont même si actifs, qu’ils pénètrent à travers les murs construits en moellons & en mortiers, & leur humidité pourrit les tapisseries qui les recouvrent.

    L’expérience m’avoit prouvé que l’humidité qui s’évapore des rivières, des étangs n’est pas suffisante pour nuire au pisai, mais ce n’est que depuis peu de temps que j’ai vu ce genre de construction aussi employé en Catalogne qu’il l’est dans le Lyonnois, le Dauphiné, &c. On doit même dire que, pour peu que la pierre soit éloignée on y préfère le pisai, & même qu’on s’en sert dans plusieurs cantons où la pierre est fort commune, ou trop dure, comme le granit. À Barcelonne, la plupart des maisons n’ont que les murs de face en pierre, & tous ceux de l’inférieur sont en pisai ; enfin les maisons des villages sur les bords de la mer, sont construites en terre, & enduites à l’extérieur avec du mortier à sable & à chaux. Je n’ai pas apperçu que celles qui n’étoient pas enduites fussent beaucoup altérées par l’air de mer, ni par l’humidité des vents marins qui doit être à peu près aussi forte en Catalogne qu’en Languedoc.

    Il résulte de ce qui vient d’être dit, que le pisai peut être employé dans tous les pays où la terre a la qualité indiquée dans cet article. Voici encore une manière bien simple de s’assurer si elle est propre à ce genre de construction ; on prend un vaisseau en bois & sarclé, dont la partie supérieure soit un peu plus large que l’inférieure, en un mot,