coignassier est plus hâtif que sur franc. L’arbre venu de pépins du premier, sera donc aussi plus hâtif & le deviendra beaucoup plus si son père a été planté dans une exposition sèche & méridionale. Voilà la raison pour laquelle dans le même climat & dans la même exposition on trouve ensuite des fruits plus précoces que l’on perpétue par la greffe. Si dans le nord on tire des arbres des pépinières du midi, ces arbres seront encore très-hâtifs, s’il ne se trouve pas une disproportion trop marquée entre ces deux climats ; mais il vaut mieux jusqu’à un certain point, tirer du nord au midi, les espèces s’y perfectionnent mieux & les fruits deviennent plus savoureux.
Si dans les semis on n’a employé que des pépins de poire d’hiver, il est clair que le temps de la maturité sera retardé ; si au contraire des espèces d’hiver sont greffées sur des sujets venus de pépins de fruit d’été, alors la maturité sera hâtive.
Si une espèce de poire à chair âpre & dure d’hiver étoit greffée sur une poire à chair fondante, celle-ci se conserveroit plus long-temps & l’arbre seroit plus fort.
Si les semis ont été faits avec des pépins du fruit produit par un arbre vieux & vigoureux, il est à présumer que la maturité des fruits des nouveaux sujets sera aussi précoce que celle de ce vieux arbre ; & l’on sait que les fruits mûrissent plutôt sur les vieux arbres que sur les jeunes.
Ces nuances que je me contente d’indiquer, méritent d’être prises en considération par les amateurs, & ceux qui sont encore dans l’âge de suivre des expériences & qui peuvent disposer de leur temps, feroient très-bien de se livrer à ce genre de travail aussi curieux qu’intéressant.
Je leur demande donc, 1°. de choisir les plus beaux fruits, les mieux nourris, cueillis sur arbres francs, de les laisser pourrir ou sécher dans leur chair, sans les amonceler les uns sur les autres, de rejeter tout fruit taré, venu sur un arbre caduc, ou planté dans un lieu humide ; de laisser ces fruits le plus long-temps qu’il sera possible sur les arbres, au moins jusqu’au temps des gelées (il s’agit des fruits d’hiver), de les placer ensuite dans la fruiterie & de les y conserver avec autant de soins que s’ils devoient être mangés. Quant aux fruits sur les pépins desquels on devra faire des expériences, ils doivent mûrir sur l’arbre ; il faudra choisir les meilleurs & les plus nourris ; les laisser pourrir à l’ombre & sécher dans leur chair, ensuite les fermer dans un lieu sec jusqu’au moment du semis.
On ne doit pas perdre de vue que le but unique de la nature est la conservation & la reproduction des êtres, que son travail immense tend toujours à améliorer la sève par les différentes articulations des branches, des greffes, des feuilles, des boutons, des bourgeons, des fleurs & des fruits, & que tout ce grand appareil & cet admirable travail ne tend qu’à perfectionner les sucs des fruits qui deviennent la précieuse nourriture de l’amande ou pépin. La végétation a duré un an entier avant d’arriver à ce terme. Du choix des pépins dépend, la bonté & la, force des sujets.
2°. Chaque fruit doit être distingué par son nom, & l’on doit noter s’il a été cueilli sur franc ou sur coignassier.