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On doit préférer le premier ; peu d’espèces font exception à cette loi, ainsi qu’il est dit plus bas.

3°. Au temps des semis, on dépouillera les pépins de leur enveloppe. Si elle est sèche, on mettra le tout tremper pendant quelques jours dans l’eau ; après cela, la séparation en sera facile & on sèmera tout de suite. Si la chair est encore fraîche, comme dans les fruits très-tardifs, on en séparera les pépins sans les endommager.

4°. Le semis aura lieu du moment qu’on ne craindra plus les fortes gelées, & même on peut dévancer cette époque si on a soin d’en préserver la terre avec suffisante quantité de paille. Lorsque les fruits d’été sont secs, on peut les ranger lits par lits dans du sable & les tenir dans un endroit frais, mais non pas humide. Leur germination sera plus prompte au printemps.

5°. Le semis doit être fait dans une terre douce, forte sans être tenace, bien ameublie par le terreau bien consommé & qui ait au moins dix-huit pouces de profondeur. On doit semer par raies & non à la volée, afin d’avoir la facilité d’arracher les mauvaises herbes, & de piocheter sur l’arrière-saison, si on laisse le semis pendant deux ans en pépinière. Dans ce cas, les raies demandent à être espacées de huit pouces les unes des autres. Ce terme de deux années paroîtra bien long à certaines personnes qui s’imaginent que c’est retarder leur jouissance ; mais je leur demande, ne vaut-il pas mieux replanter un sujet bien conditionné, bien enraciné, qu’un sujet foible & dont les racines n’ont presque pas la force d’un chevelu ? On est bien stade leur reprise.

6°. Je demande encore à l’amateur, lorsqu’il formera sa pépinière à demeure ; 1°. que le sol en ait été nouvellement défoncé à la profondeur de trois pieds ; 2°. que les jeunes plants y soient placés dans le courant de novembre ou au commencement de décembre, toujours suivant le climat ; 3°. qu’ils soient plantés avec toutes leurs racines, leurs chevelus, & que sous aucun prétexte il ne laisse couper ou raccourcir le pivot ; 4°. Que chaque plant soit espacé en quinconce de trois pieds de son voisin. Ceci ne regarde pas les pépiniéristes marchands d’arbres, ni les cultivateurs peu fortunés ; 5°. Qu’il laisse ces sujets sans les greffer jusqu’à ce qu’ils aient donné leurs premiers fruits. L’amateur sera presqu’assuré d’obtenir des nouvelles espèces, sur-tout si ces pépins ont été choisis dans les espèces nommées bezy, dans les bergamottes, dans les épines. Si le fruit est de médiocre qualité, l’amateur aura de très-beaux sujets pour greffer du plein-vent ; & il se procurera de cette manière des arbres forts, vigoureux, & qui le dédommageront amplement de ses soins. & de ses peines.

Je n’insiste pas sur les travaux nécessaires à la pépinière, ni sur la manière d’en tirer les arbres, &c. Ils ont été décrits à cet article.


CHAPITRE IV.

De la Greffe.

Le poirier se greffe sur franc & sur coignassier., On appelle franc, le sujet venu de pépin, de poire, &