Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1789, tome 8.djvu/219

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par le météorisme extraordinaire & douloureux du bas-ventre, les syncopes, la promptitude dans le changement de la manière d’être ; les renvois fétides, le vomissement de matières noirâtres & atrabilaires ; la roideur, & le refroidissement extrême des membres ; une sueur froide, visqueuse, ou puante ; l’œdématie du col & de la face, les yeux saillans & hagards, la foiblesse, l’abattement, l’irrégularité, l’inégalité, & l’intermittence du pouls ; l’inflammation de la bouche & du gosier, & la gangrène de ces parties ; les vertiges fréquens, le délire, les convulsions, la prostration des forces, le tremblement du cœur, la paralysie, la stupeur des organes, la noirceur, l’enflure, la rétraction ou l’inversion des lèvres.

Ce ne sont point encore là tous les effets du poison pris intérieurement, il produit encore l’œdématie générale du corps, des éruptions sur la peau, qui deviennent noires, ou livides, ou pourprées ; la lividité des ongles, la perte des sens, les palpitations, des hémorragies, des ardeurs d’urine.

On observe quelquefois des vomissemens extraordinaires, & des cours de ventre excessifs, des douleurs de reins insupportables, la voix devient rauque & plaintive. On observe aussi un resserrement extraordinaire de la poitrine, la puanteur du corps, une abondante salivation.

Après un détail aussi exact des signes, & des effets qu’occasionnent les poisons, il ne doit pas être indifférent de faire connoître ceux qu’ils produisent dans l’intérieur, & de l’existence desquels on ne peut se convaincre que par l’ouverture des cadavres. En premier lieu, on trouve les signes les plus évidens d’une forte inflammation qui a précédé l’état de gangrène qui existe dans le gosier, l’œsophage, l’estomac, le pylore, & le reste du tube intestinal. Il n’est pas rare de trouver des trous & autres déchirures dans l’estomac, & le poison même niché en partie dans quelque recoin ; du sang noir & fétide extravasé dans le bas ventre ; le péricarde rempli d’une matière sanieuse & très-corrosive ; les autres viscères contenus dans la matrice ramollis, & dans un état de dissolution, quelquefois parsemés d’hydatides, de pustules, de tâches de différentes formes ou couleur ; le cœur flasque & très-racorni ; le sang qu’il contient très-noir, & presque solide. Le foie gâté, noirci, & un engorgement dans toute sa substance. Une tuméfaction extraordinaire dans les organes de la génération.

Hebenstreit regarde la séparation du velouté de l’estomac comme le plus infaillible des signes du poison. On n’a pas plûtot avalé de l’arsenic qu’on ressent tout de suite une chaleur brûlante dans l’intérieur de l’estomac & du reste des intestins, avec une soif inextinguible. Les malades sont tourmentés d’un vomissement très-fort, auquel succèdent des anxiétés, des foiblesses, & ils tombent en syncope ; un grand froid s’empare de leurs extrémités ; le hoquet survient ; il arrive quelquefois un vomissement de matières atrabilaires, & des selles très noires & très-fétides qui sont toujours des signes avant-coureurs d’une mort prochaine.

On ne doit pas s’endormir sur le