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avec la peau ; appliquée extérieurement la farine en est résolutive, émolliente, on s’en sert en cataplasme.


POISON. Médecine rurale. On appelle ainsi tout ce qui, étant appliqué extérieurement, ou pris intérieurement, peut éteindre les fonctions vitales, ou mettre les parties solides & fluides hors d’état de continuer l’ordre & l’exécution de leurs mouvemens.

Les trois règnes de la nature fournissent des poisons. Ceux que fournit le règne animal ont une grande activité, & sont très-nombreux. Ils ne peuvent être communiqués que par la morsure, ou la piqûre d’un animal venimeux. (Voy. Piqure, Morsure, & Rage.)

Le règne végétal en fournit aussi un assez grand nombre, qui rentre dans la classe des remèdes narcotiques stupéfians, tels que l’opium & ses différentes préparations, la pomme épineuse, l’eau distillée du laurier cerise, la morelle, l’aconitum appelé en françois napel, la ciguë, la bella-done, la jusquiame & différentes espèces de champignons. Tous ces poisons sont en général beaucoup moins énergiques que ceux du règne animal ; on en voit néanmoins en Amérique dont les effets & l’action sont beaucoup plus forts. Tels sont ceux dont les naturels du pays se servent pour empoisonner leurs flèches lorsqu’ils font la guerre aux nations étrangères ; on sait que les blessures en sont presque toujours mortelles.

Le règne minéral donne des poisons très-âcres & très-corrosif, tels que l’arsenic, le sublimé corrosif, l’orpiment, l’eau forte, les vapeurs minérales, le plomb & ses différentes préparations, le cobalt, & le vert-de-gris.

On ne peut désavouer que la plupart des symptômes causes par les poisons ne soient équivoques, & ne puissent appartenir à une infinité d’autres causes très-variées, lorsqu’on les considère séparément dans ceux qu’on soupçonne avoir été empoisonnés. Mais la réunion, ou l’ensemble de ces mêmes signes n’a pas ce défaut ; qu’on les considère collectivement, ils auront la force de l’évidence.

Avant d’administrer les remèdes propres à arrêter l’effet des poisons, il faut interroger les personnes qui en ont avalé ; s’assurer avec elles si l’aliment solide ou liquide, qui a servi de véhicule au poison, avoit son goût ordinaire ; si elles ont senti de l’ardeur, de l’irritation, ou une sécheresse extraordinaire dans le trajet de l’œsophage ; si elles ont éprouvé un sentiment de resserrement & de gêne dans ces mêmes parties ; si elles ont eu de fréquentes envies de vomir, des foiblesses, des maux de cœur ; si bientôt après qu’elles l’ont avalé, elles n’ont pas ressenti dans une partie du bas-ventre une chaleur plus forte que par-tout ailleurs : si elles sont tourmentées de la soif, s’il y a eu suppression d’urines, difficulté de respirer, essoufflement extraordinaire ; s’il y a eu des tranchées, & des épreintes très-fortes.

Tous ces signes ne sont pas suffisans pour caractériser un véritable empoisonnement, on doit encore y joindre tous ceux que M. Albertini a rassemblés, & dont il nous a laissé l’énumération. Nous allons les rapporter tous, & nous commencerons