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issue à une grande quantité de matière suppurée, assez fluide, blanche & sans odeur. Cette évacuation dégagea le passage de l’air ; l’animal expira & inspira librement ; de simples injections d’eau d’orge miellée détergèrent, consolidèrent & cicatrisèrent promptement les ulcères ; du reste, l’état sain des os qui ne furent point à découvert, prouve ici que la collection de l’humeur exsudée s’étoit faite entre les deux lames de la membrane, muqueuse ; un purgatif minoratif termina la cure.

Comment peut on s’assurer de l’existence du polype ?

Les symptômes, au moyen desquels on peut reconnoître le polype dont nous parlons, sont tous ceux qui décèlent le défaut de l’entrée de l’air dans les poumons, & de son émission hors de ce viscère. Portez la main aux ouvertures nasales, vous distinguerez facilement celle qui n’en fournit que peu ou point du tout ; examinez dans les temps froids la condensation des vapeurs pulmonaires qui forment alors une espèce de nuage très-sensible à chaque expiration, l’orifice nasal embarrassé de ce polype, n’en laissera échapper que très-peu ; faites exercer l’animal, vous entendrez un sifflement qui sera la suite ou l’effet de la collision de l’air lors de son passage dans les fosses affectées ; cette collision sera en raison d’une part, de la célérité de la marche de ce fluide, & de l’autre, du volume du polype. Bouchez un des naseaux de l’animal, vous saurez & vous connoîtrez à peu près la forme, lorsqu’elle ne sera pas à portée des yeux, en portant une sonde aplatie dans le nez, au moyen de laquelle vous en parcourrez toute l’étendue.

Nous avons dit plus haut que le polype qui se prolongeoit dans le larinx gênoit autant la déglutition que la respiration ; mais si sa base est étroite, il ne doit pas alarmer. Pour reconnoître & juger de la situation, de l’étendue & de la forme de ceux qui occupent l’arrière bouche, il n’est besoin que de l’inspection & de l’introduction de la main.

Curation. Les moyens que l’art suggère pour la guérison de ces sortes de maux, sont généraux ou particuliers. Les premiers se prennent dans les altérans & les évacuans que nous administrons en breuvage ou en opiat ; ils sont tous relatifs à l’état actuel des parties malades & du sujet.

La tunique dans laquelle le polype siège est-elle relâchée ? le sujet est-il d’une constitution flasque & molle ? ayez recours aux styptiques, aux absorbans & aux martiaux. Y a-t-il rénitence, douleur & inflammation ? saignez, faites usage des délayans, des nitreux & des tartreux en breuvage.

La tumeur est-elle livide, fibreuse ? fournit-elle une sanie infecte ? employez le quinquina, la petite centaurée, la teinture de camphre, celle d’aloès, &c. À l’égard des purgatifs que vous aurez intention d’administrer, combinez-les de manière à remplir les indications.

Le choix des remèdes particuliers, c’est-à-dire de ceux que l’on applique extérieurement sur le mal, n’est pas moins important. Leur nature tonique, relâchant, astringente, rongeante, &c., doit être réglée d’après l’espèce de polype. La forme sous laquelle l’on doit employer ces topiques ou médicamens locaux n’est pas moins un effet de réflexion de