Aller au contenu

Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1789, tome 8.djvu/316

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ne pousseront jamais des bourgeons en dessous, & sembleront former autant d’échelons souvent maigres, fluets, & dont la longueur ne se trouvera pas en proportion avec leur peu de grosseur. Mères branches ou membres, bourgeons nouveaux, nouvelles branches, tout demande l’angle de 45 degrés, & cet angle bien observé sur toutes les parties de l’arbre force celui qui le taille à ne laisser que le bois qui lui convient. On peut alors dire avec raison qu’il règne un bel ensemble & un équilibre parfait entre les parties du tout.

Le pommier demande à être palissé plusieurs fois dans l’année ; & chaque fois que l’on palisse, ce doit être sur l’angle de 45 degrés. On doit supprimer tous les bourgeons qui poussent sur le devant, & qui ne peuvent être dûment palissés sans faire un coude à leur base, ce qui est toujours défectueux à l’œil. De pareils bourgeons ainsi contournés se mettent plutôt à fruit qu’à bois. Les bourgeons qui poussent entre le mur & la branche, méritent le même sort que ceux du devant, à moins qu’on n’ait quelques places vides à regarnir, alors on les ménage avec soin.

Le paradis ne peut, à cause de sa foiblesse, être soumis aux mêmes loix de taille que le doucin. Il faut casser souvent les bourgeons, afin de le forcer à se mettre à fruit, sur-tout si on le cultive dans des vases, pots ou caisses. Mais quand une fois il est à fruit, on lui laisse pousser ses bourgeons en liberté, & on ne les arrête qu’à la taille suivante. La cassure est une arme bien dangereuse dans les mains d’un ignorant. Si elle n’est pas employée à propos, il en résulte des toupillons, des brindilles, & ensuite, une si grande quantité de boutons à fruit, que les boutons à bois deviennent très-rare. La terre de ces petits arbres cultivés dans des pots demande à être changée au moins tous les deux ans & renouvelée par une terre très-substancielle. On fera très-bien de tenir la superficie du vase recouverte à un ou deux pouces d’épaisseur, par du fumier, du tan, &c., afin d’empêcher la trop grande évaporation & prévenir les crevasses.


CHAPITRE IV.

Des Ennemis des Pommiers.

Je ne parlerai pas ici du hanneton en état d’insecte parfait, ni de sa larve nommée turc, ver-blanc (consultez le mot Hanneton), ni du taupe-grillon, connu en quelques endroits par les dénominations de courterose, courtilière (voyez le mot Taupe-grillon.) Il s’agira simplement ici de deux chenilles plus particulières aux poiriers, à l’aubepin & aux pommiers, qu’aux autres arbres fruitiers, sur lesquels elles ne se jettent que lorsqu’elles ne trouvent plus de quoi manger.

La première est appelée la livrée, par Geoffroi, & désignée sous la dénomination de Phalœna neustria par Linné. Elle vit en société, elle est poliphage, & fait un ravage affreux surtout sur les poiriers & sur les pommiers où elle ne laisse exactement que les branches ; & lorsque la nourriture lui manque, elle se jette sur l’arbre le plus voisin dont elle détruit la verdure, & ainsi de suite pour les