Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1789, tome 8.djvu/334

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muns ; le maïs a la même propriété ; le sarrasin leste plus leur estomac qu’il ne les nourrit ; l’avoine les échauffe trop ; les piquans des deux bouts du grain d’orge les fatigue, il convient de la leur donner cuite ; alors elle profite beaucoup. J’aimerois beaucoup mieux que l’on fit moudre l’orge, l’avoine, le sarrasin, le maïs, enfin tous les grains susceptibles de la panification ; que de leurs farines on en constituât une masse dont la ménagère feroit du pain de la même manière qu’on le pratique avec le froment & le seigle, & que de ce pain on en préparât une soupe que l’on donneroit chaude. L’expérience prouve qu’il y a une grande économie de grains, qu’en moindre quantité cette soupe nourrit plus & donne une nourriture bien meilleure. Comme c’est un point de fait, il est aisé de le vérifier. Si on l’adopte, toute la basse-cour y gagnera beaucoup.

Rien n’est perdu avec les poules, mauvais fruits quelconques coupés en morceaux, à demi pourris ou pourris, herbages hachés menus & cuits, en observant cependant que si on donne pendant plusieurs jours de suite des choux cuits & seuls ils relâchent trop ; il en est ainsi des feuilles des cardes-poirées, des bettes-raves, des laitues ; mais si on y réunit des feuilles de céleri, ou tant soit peu de sel, cette nourriture devient aussi saine que les autres. Enfin, dans toutes les balayures & les débris des cuisines, les poules trouvent de quoi manger. On les voit sans cesse gratter dans les fumiers, parce que leur chaleur & les substances animales qu’ils recèlent y attirent beaucoup de vers, & ces vers sont un mets délicat pour les poules. Celui du hanneton, (consultez ce mot) vulgairement nommé turc ou ver-blanc, est leur mets par excellence. On a tort de donner aux poules les vers à soie qui sont morts ou malades. St cette nourriture est abondante elle leur est funeste ; la nymphe de ce ver, lorsque par la filature on l’a tirée de sa coque, n’est pas mauvaise, mais elle le devient si on la leur donne avec abondance.

Dès que le temps des récoltes des grains commence, on ne doit plus leur en donner au repas du matin & du soir ; elles trouvent assez dans la journée. L’avoine & le chenevis demandent à être conservés pour le temps de la sortie de la mue, & sur-tout lorsqu’elles approchent de l’époque des couvées… J’ai dit, dans l’article poulailler, qu’on plante tout autour des cerisiers & des mûriers, non-seulement afin de mettre la volaille à l’ombre pendant les grandes chaleurs de l’été, mais encore parce que ces fruits leur sont très-salutaires. Ainsi ces arbres doivent leur être sacrifiés, & par conséquent on ne doit pas ramasser la feuille des mûriers, si on veut leur procurer de l’ombre & une mûre bien nourrie, & qui ne soit pas aigre.

Les papiers publics ont à différentes fois annoncé comme une découverte nouvelle, la manière de préparer une verminière ; il auroit été plus juste de rendre hommage à celui, qui, le premier, l’a décrite. Écoutons Olivier de Serres, le vrai patriarche des écrivains françois, sur l’agricolture, & que j’aime toujours à citer.

« Du plaisir que la poulailler prend à manger de la vermine de terre, est sortie l’invention de la verminière, profitable en ce ménage ; d’autant