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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1789, tome 8.djvu/338

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mières à couver ; & les couvées hâtives ont un grand avantage sur les couvées tardives, sur-tout lorsqu’on les destine à donner des chapons ou des poulardes.

Le but des couvées est de multiplier l’espèce ; mais, comme dans une basse-cour bien montée, on remplace chaque année les poules hors d’âge par de nouvelles, la ménagère doit donc observer : 1°. quel est à peu près le nombre nécessaire au repeuplement des poules ; 2°. celui qu’il convient de conserver en chapons & en poulardes ; 3°. enfin, celui des poulets que l’on se propose de vendre ou de garder pour la consommation du ménage. Tous ces objets doivent être subordonnés à la quantité de grains & autres secours qu’on peut se procurer. Beaucoup de volailles mal nourries rendent moins qu’un petit nombre auquel on donne la nourriture qui lui convient, & rien au-delà.

C’est d’après cet examen qu’il convient de le régler sur la quantité & sur la qualité des œufs. Si on veut avoir beaucoup de poulets & beaucoup de chapons, on choisira les œufs pointus ; plus le côté supérieur est rond, & plus on est assuré qu’il en sortira une poule.

Une seconde observation à ne pas négliger, est de ne point mêler dans une même couvée des œufs des poules communes avec ceux des poules de Padoue, ou de telle autre variété de celles-ci qui sont à gros corsage & montées haut sur leurs jambes. Ces grosses poules pondent beaucoup moins que les autres, & leur incubation (consultez ce mot) est plus longue. Il résulteroit de ce mélange que tous les œufs des poules communes seroient éclos, & les autres ne le seroient que plusieurs jours après. D’ailleurs l’éducation des couvées des grosses poules diffère en quelques points de celle des poules ordinaires.

Les poules qui se disposent à couver, pondent chaque jour, & même quelquefois deux œufs dans un jour : le moment où elles cessent de pondre, pronostique celui du couvage ; un second caractère l’indique encore ; on le reconnoît facilement, dit Olivier de Serres, au glousser qui est un continuel & nouveau chant, différent de leur musique ordinaire. Toutes les poules gloussantes & désireuses de couver, ne sont pas propres à couver ; les plus jeunes de deux ans n’y valent rien, ni les grièches, ni les escarabillades & farouches, qu’on appelle aussi enragées, ni celles qui ont des ergots comme des coqs, ains seulement franches & paisibles, d’ailleurs bien complexionnées & fortes de nature[1].

On doit sacrifier quelques œufs quand la poule veut couver, & la laisser dans le nid pendant un jour ou deux, afin qu’elle ait le temps de s’échauffer. On la prend alors, & on la porte dans une pièce consacrée à l’incubation, & garnie d’autant de nids qu’il doit y avoir de poules couveuses. Si on l’a déjà placée dans cette chambre, ce qui vaut beaucoup mieux, on supprime

  1. J’ignore quelle espèce de poules élevoit Olivier de Serres, mais je sais par expérience que des poules de deux ans couvent très-bien. Cependant il a raison jusqu’à un certain point ; des couveuses de la troisième & de la quatrième année valent beaucoup mieux, & on peut encore ajouter qu’elles ont plus de soins de leurs poussins.