ces œufs, & on lui donne alors le nombre qu’on veut faire couver. Ce nombre varie suivant la saison, à moins qu’elle ne soit régulièrement échauffée. Plus les couvées sont précoces, & moins on doit mettre d’œufs à couver. Lorsque la saison est avancée, on met sous la poule autant d’œufs qu’elle en peut couvrir avec ses plumes & avec ses ailes, parce que la chaleur de la saison favorise celle de l’incubation. Ce lieu exige d’être naturellement chaud ou derrière un four, à l’abri de toute secousse, de tout bruit imprévu, des grands courans d’air, enfin peu ou point éclairé. Toute couveuse craint d’être troublée dans son opération. On place la couveuse dans le nid qu’on lui destine & qu’on a eu soin de garnir du nombre d’œufs nécessaires. Il convient de choisir les plus frais, & du jour s’il se peut ; ils éclosent plus vite que ceux qui sont pondus depuis plusieurs jours ou quelques semaines. La grosseur des œufs & celle de la couveuse décident du nombre qu’on doit lui donner ; de 12 à 15 aux petites poules, & de 15 à 18 aux plus fortes, si elles couvent leurs propres œufs… Pour s’assurer si chaque œuf est bon, on le regarde en le plaçant entre l’œil & une lumière, & on rejette ceux qui ont déjà éprouvé beaucoup d’évaporation. Quelques auteurs, après Olivier de Serres, conseillent de mettre tous les œufs dans l’eau ;… les mauvais surnagent & les bons se précipitent ; d’ailleurs, ajoutent-ils, cette eau leur donne a tous la même température, le même degré de chaleur, & ils éclosent tous en même temps.
La poule couve avec tant de constance & tant d’activité, que souvent elle se laisseroit mourir d’inanition sur ses œufs, si la ménagère n’avoit soin de l’en ôter pour la faire boire & manger, au moins une fois par jour. La poule sait qu’en quittant ses œufs, ils perdent un peu de la chaleur qu’elle a communiquée, ce qui prolonge le temps de l’incubation. Quelques ménagères préfèrent de placer tout près du nid, de l’eau & du grain, afin que la poule puisse manger sans se déplacer. Cet expédient est utile, si chaque jour elle a soin de renouveler l’eau. Toujours est-il vrai que tant que dure l’incubation, la couveuse mange très-peu.
Si on désire connoître la marche de la nature dans la transformation du blanc & du jaune de l’œuf dans la substance du poulet, il faut lire l’article Œuf ; quels sont les soins que la poule prend de sa couvée, consulter l’article Incubation ; enfin, comment il est possible, avec le secours de l’art, d’imiter le travail de la poule sur ses œufs, étudier l’article Mamal.
Olivier de Serres, parlant des erreurs populaires reçues de son temps, & transmises de générations en générations, s’explique ainsi : « Observer le nombre impair des œufs qu’on met couver ; de les fourrer tout à la fois au nid avec un plat de bois, sans être lors licite de les toucher à la main, ni compter un à un ; de mêler parmi la paille du nid des buchettes de bois de laurier, des aulx, des clous de fer, & autres drogueries, pour préserver des tonnerres les œufs dans lesquels ils tuent les poulets jà demi-formés, comme l’on dit, sont des traditions des antiques payens (Columelle, liv. 8,