Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1789, tome 8.djvu/341

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sous les nids des couveuses tiendroit à une erreur, cette erreur ne tireroit a aucune conséquence, quand même encore le résultat des expériences que je certifie, seroit l’effet du hasard.

On devroit bien plutôt se recrier contre une pratique abusive & sérieusement prescrite par certains auteurs. Elle consiste a marquer chaque œuf d’un seul côte afin de les tourner deux ou trois fois pendant la couvée. Ce soin n’appartient point à la ménagère, mais à la poule seulement ; non-seulement elle les tourne autant que le besoin le demande, & même elle leur fait alternativement changer de place, afin que la chaleur soit également distribuée. On sent parfaitement que sans cette attention de la poule, les œufs du centre seroient perpétuellement plus échauffés que ceux de la circonférence ; d’où il résulte encore qu’on a grand tort de donner un trop grand nombre d’œufs à couver par la même poule. Dans une basse-cour un peu considérable, on ne s’apperçoit pas si on a deux ou trois couveuses de plus, & cette addition de couveuses fait que tous les œufs d’une nichée viennent à terme à la même époque.

Lorsqu’on a une quantité suffisante de couveuses, il est inutile d’en multiplier le nombre, parce que c’est une perte réelle pour le produit des œufs. Lorsqu’on s’aperçoit que les poules étouffent, on leur retranche toute espèce de grains, & toute nourriture échauffante. Si elles continuent, on les baigne à plusieurs reprises ; on leur donne beaucoup de laitue, enfin on ajoute un peu de nitre à leur eau. J’ai vu une ménagère qui ne cherchoit pas tant façon ; elle portoit sa poule dans un lieu frais, la plaçoit sous une Benne, (conslutez ce mot.) lui donnoit à boire, rien à manger, & la laissoit dans cette prison pendant l’espace de 24, 36 ou 48 heures ; elle perdoit après cela toute envie de couver.

III. De l’éducation des Poulets. Comme elle est partout la même, je vais copier ce qui est dit dans l’ouvrage intitulé, le Gentil-homme cultivateur, qui a copié cet article du Dictionnaire économique de Chomel, lequel l’a puisé dans la Maison rustique, qui l’avoit tiré du Théâtre d’Agriculture d’Oliviers de Serres. « En visitant souvent son poulailler, la gouvernante se trouve à même de secourir les poussins qui veulent éclore, qui quelquefois trop foibles pour pouvoir rompre la coque de l’œuf, languissent & même y périsseent ; dans ces cas, c’est à elle à lever peu à peu dès qu’elle entend le poussin piauler, quelques éclats de la coque, prenant bien garde de ne pas déchirer avec ses ongles le poussin, qui, pour peu qu’il fût blesse, périroit tout de suite : il faut donc vers le 19e ou le 20e jour, qu’elle fasse une visite exacte dans tous les nids pour donner les secours qu’on vient d’indiquer, aux poussins qui ne peuvent pas se faire par eux-mêmes une issue assez grande pour sortir de la coque. »[1]

« Quelquefois ces petits animaux

  1. Note de l’Éditeur, Pour que le poussin ait la force de casser la coquille avec la