Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1789, tome 8.djvu/344

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» Comme l’air contribue beaucoup à la croissance de ces animaux, pourvu qu’il soit tempéré, l’on ne doit pas être surpris si nous exigeons qu’on les mette le plutôt qu’il est possible sous le hangar pour qu’ils se familiarisent avec ses impressions, faisant en sorte toutefois que le soleil donne dans l’endroit où on les place ; il est vrai que dans le commencement il ne faut pas les y laisser trop long-temps, parce qu’il pourroit altérer leur tempérament qui dans leur grande jeunesse est extrêmement foible & délicat ; il faut par-tout où on les place, que le manger & le boire ne leur manquent point, parce qu’ils béquettent continuellement.

» Lorsqu’ils ont atteint un certain âge, comme, par exemple, 5 ou 6 semaines, on les abandonne aux soins & à la tendre vigilance de leur mère, qui toujours attentive sur tout ce qui environne sa famille, prend soin de les faire manger en les appelant sans cesse dès qu’elle apperçoit quelque chose de propre à aiguiser leur appétit & les couvrant de ses ailes au premier danger qui les menace.

» Lorsque les poulets ont atteint l’âge que nous venons d’indiquer, on peut, pour éviter la multiplicité des poules, confier plusieurs couvées à une seule qui est en état d’en conduire au moins trois douzaines ; par ce moyen on économise, puisque dès qu’on a ôté une bonne poule à ses poussins, elle se remet à pondre, ce qui devient très avantageux.[1].

» On peut encore, d’après Olivier de Serres & d’après Liger, pour épargner des poules, se servir de chapons que l’on instruit à conduire les poulets. On choisit des chapons bien constitués & de gros corsage, qui soient jeunes & éveillés ; on leur plume le ventre que l’on frotte avec des orties, ensuite on les enivre avec de la soupe au vin ; on les tient à ce régime trois à quatre jours pendant lesquels on les enferme dans un tonneau bien couvert d’une pièce de bois percée de plusieurs trous. On les tire de cette prison pour les transporter dans une cage où on leur donne d’abord deux ou trois poulets qui sont déjà assez grands, lesquels en mangeant ensemble se familiarisent avec les chapons qui de leur côté les caressent & les couvrent de leurs ailes ; & comme ces petits soulagent en quelque façon la partie plumée des chapons, ils les reçoivent avec plaisir. En effet, ces animaux devant, pour ainsi dire, ou croyant devoir leur entière guérison aux poulets, portent

    ces derniers poussins ont été les plus vigoureux de tous. Il faut préparer à la fois peu de cette nourriture, parce qu’elle s’aigrit facilement pendant les chaleurs, & j’ai observé que dans cet état elle leur causoit une espèce de dévoiement. Comme je n’ai répété ces expériences comparatives qu’une seule fois, je ne puis conclure à la rigueur ; cependant j’ose dire qu’il est plus que probable que la panification est pour les poussins une nourriture préférable à toute autre,

  1. Cette économie n’est pas d’assez grande conséquence pour une forte basse-cour ; il vaut mieux ne point mélanger les familles, à moins que par un accident la mère ne périsse.