Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1789, tome 8.djvu/345

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

envers eux la reconnoissance si loin qu’ils ne les abandonnent plus. De sorte que dès que la ménagère s’apperçoit de cette reconnoissance, elle peut leur donner dans la suite, en augmentant chaque jour le nombre, autant de poulets à conduire qu’ils peuvent en couvrir. Cette méthode absurde[1] & dont on vient de voir les prétendues raisons qui le sont encore plus, ne doit point prendre faveur. Nous avons vu des chapons conduire, il est vrai, une bande de poulets ; il est certain qu’ils les couvrent quand ils se présentent & qu’ils les conduisent à la campagne ; mais il s’en faut de beaucoup qu’ils aient cette vigilance active que les poules ont. D’ailleurs si on veut faire usage des chapons, il n’est besoin que de choisir les mieux emplumés, & de leur donner pendant trois ou quatre jours du pain à la main en présence de deux ou trois poulets qui béquettent avec eux. Après quoi, on leur donne seulement une fois du pain trempé dans du vin bien fort jusqu’à ce qu’ils soient ivres. On les met ensuite dans une cage où on leur donne deux ou trois poulets avec lesquels ils vivent & mangent de bonne intelligence. On en augmente ensuite peu à peu le nombre jusqu’à ce qu’ils aient celui qu’on leur destine ».

Si on veut élever avec succès des poulets à compter du moment qu’ils sont éclos, on ne doit jamais perdre de vue ces maximes ; 1°. lieu chaud & exempt de toute espèce d’humidité ; 2°. propreté la plus scrupuleuse ; 3°. nourriture appropriée, abondante & sans cesse renouvelée ; il en est ainsi de l’eau. 4°. mettre les poussins au soleil autant que les circonstances le permettront, & s’il est trop actif, couvrir le haut de la cage avec un linge, une planche, &c. qui les mettra à l’ombre sans les priver de la chaleur.


CHAPITRE V.

Des Chapons.

On donne le nom de Chapon, dit M. Buc’hoz, dans son ouvrage intitulé Traité des oiseaux de basse cour, à un jeune coq auquel on a arraché les deux testicules pour qu’il ne s’épuise point par les plaisirs, qu’il acquiert plus d’embonpoint, & que sa chair en devienne plus délicate. Le coq perd sa voix par cette opération ; mais s’il n’est châtré qu’à demi, il lui reste une voix grêle, & on l’appelle cocâtre ;… pour chaponner les jeunes coqs, on attend qu’ils aient trois mois. On leur fait une incision proche les parties génitales ; on enfonce le doigt par cette ouverture & on emporte adroitement les testicules. On coud la plaie, on la frotte avec de l’huile, & on jette ensuite des cendres pardessus ; après quoi on les tient renfermés pendant 3 à 4 jours, ensuite on les lâche. On coupe ordinairement la crête aux chapons. Une observation à faire, c’est que les poulets de l’arrière-saison ne valent rien pour faire des chapons ; pour

  1. Elle n’est point absurde, car elle est vraie, mais elle est inutile, à moins que des circonstances particulières n’y forcent ; je l’ai copié afin de s’en servir, si le besoin urgent l’exige.