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La pousse est produite par l’épaississement du sang, par le relâchement des vésicules du poumon, & par les tubercules survenus dans ce viscère. Le sang devenu épais, circule lentement, s’arrête & s’appesantit sur les vaisseaux capillaires du poumon. Il fait alors sur ce viscère de fortes & vives impressions, qui se communiquant aux nerfs des muscles inspirateurs, les sollicitent à de fortes inspirations. Les glandes du poumon qui séparent continuellement une humeur mucilagineuse, destinée à humecter la substance de ce viscère, étant relâchées & s’engorgeant de cette liqueur, elles compriment les vaisseaux sanguins, & de là la difficulté de respirer ; enfin l’humeur des bronches étant amassée en grande quantité dans les vésicules du poumon, elle bouche, pour ainsi dire, le passage à l’air ; ce fluide, en faisant effort pour sortir, produit un gargouillement, un bruit plus ou moins fort pendant la respiration, connu sous le nom de sifflage ou cornage. (Voyez Sifflage & Cornage où nous entrerons dans des détails intéressans sur ce vice, pour l’instruction des gens de la campagne) On peut encore mettre au rang de ces causes les lésions différentes du poumon, les pierres pulmonaires & les adhérences de ce viscère à la plèvre ou au diaphragme.

Le cheval est beaucoup plus exposé à ce genre de maladie que les autres animaux de la même espèce. Obligé naturellement à faire des courses longues & rapides, & souvent mal nourri, mal entretenu, est-il étonnant de voir un si grand nombre de chevaux poussifs ?

Traitement, La pousse est très-difficile à guérir, pour ne pas dire incurable ; on peut cependant l’adoucir ou la pallier par les délayans & les béchiques tant doux qu’incisifs, tels que le petit lait, les décoctions de mauve, de guimauve, de bouillon blanc, la bourrache, les fleurs de pas-d’âne & de lierre terrestre ; les vulnéraires, tels que l’hysope, les baies de genièvre, la gomme adragant, la gomme ammoniac, le savon, la térébenthine, l’oximel scillitique. Outre ces remèdes, on peut user de lavemens émolliens, de sétons au poitrail, de larges vésicatoires placés sur les côtés de la poitrine, si l’animal jette par les naseaux.

La nourriture est un objet si essentiel, lorsqu’il s’agit de pallier cette maladie ou de la guérir dans son principe, que le propriétaire doit sans cesse y veiller. On doit retrancher l’avoine & le son ; la paille donnée à des heures réglées suffit, encore ne faut-il pas permettre au cheval de satisfaire son appétit.

On prétend qu’un cheval tenu continuellement au vert, excepté pendant le temps où on le fait travailler, peut rendre pendant plusieurs années de bons services ; mais que si on le tire des pâturages au milieu de l’été, pour le nourrir de foin sec, il devient plus oppressé. Nous sommes persuadés, d’après notre expérience, que les chevaux soumis au foin pour toute nourriture, deviennent bientôt poussifs ; que le vert ne nuit point à ceux-ci, si on les met dans des pâturages fertiles en plantes aromatiques, sur-tout si on les empêche de trop manger, & si l’on a soin de les placer dans une écurie propre, sèche, & bien aérée.

La plupart des maréchaux font at-