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tentifs à faire boire les chevaux poussifs le moins qu’il est possible, étant fondés sur une observation de Soleysel, qui constate qu’un cheval poussif, abandonné dans une grange à foin pendant six semaines sans boire, fut parfaitement guéri de la pousse. Sans ajouter foi à cette assertion, nous dirons seulement que la grande boisson peut bien augmenter la difficulté de respirer, mais que la boisson modérée doit rendre la respiration plus facile. Suivant l’indication, on peut ajouter à l’eau destinée pour la boisson, du miel, ou de l’infusion de racine de réglisse. L’exercice ne mérite pas moins d’attention que la nourriture ; on fait promener le cheval tous les jours, le matin & le soir pendant une heure ; on ne l’expose point à tirer des fardeaux considérables, & on évite à lui faire gravir des montagnes, quoiqu’il ne soit pas chargé,

Voilà à peu près à quoi se réduisent les remèdes palliatifs de la pousse ; ils sont préférables à ceux employés journellement par la plûpart des maréchaux ; ils consistent principalement en saignées, en purgatifs, en sudorifiques, &c. La saignée ne convient que dans le cas de pléthore ; il est prouvé que dans la pousse elle augmente toujours la difficulté de respirer, & qu’elle la rend plus opiniâtre à l’action des remèdes. Les purgatifs produisent aussi de grands inconvéniens, en ce qu’ils rendent la respiration plus laborieuse & qu’ils affoiblissent les forces musculaires ; il en est de même des spiritueux, des sudorifiques ; en un mot, l’expérience prouve que les remèdes dont la célébrité a aveuglé les maréchaux de la campagne, n’ont jamais soulagé, & encore moins guéri les chevaux poussifs.

La pousse est comprise dans les vices & cas rédhibitoires. Un fermier qui a acheté un cheval, peut obliger le maquignon ou le marchand à le reprendre ; mais il faut que ce soit avant le terme de neuf jours, selon les usages & coutumes de Paris. Il est des provinces où le terme est plus ou moins long, où l’on a même la quarantaine. Au jugement de M. le lieutenant général de police de Paris, tous cas sont rédhibitoires, principalement quand les chevaux ont été achetés au marché aux chevaux ; l’acheteur a l’avantage de déposer son argent dans les mains de l’inspecteur, qui le lui rend le marché suivant si le cheval est affecté de quelque vice. Ne seroit-il pas à souhaiter qu’il en fut de même de toutes les marchandises ? Ne seroit-ce pas le vrai moyen de mettre les habitans de la campagne à l’abri des friponneries qu’on leur fait journellement à la ville ? M. T.


POUSSE, (maladie des vins) Consultez le mot Vin.


POUSSIÈRE SÉMINALE. (Consultez le mot Étamine)


PRAIRIE, PRÉ[1]. Grande étendue de terrain destiné à produire l’herbe convenable à la nourriture habituelle des chevaux, du bétail, &c.

  1. Le mot Pré dérive du nom latin paratum, au rapport de Varron ; les Romaons en fait le mot pratum, qui nous sert encore aujoud’hui pour désigner le pré, la prairie, parce que leur sol est toujours prêt à rapporter sans culture.